Effets de participation, la démocratie à l’étude

Suite au Congrès du GIS, la revue M3. Société urbaine et action publique, éditée par le centre Ressources Prospectives du Grand Lyon, Millénaire 3, a demandé au directeur du GIS un article synthétisant la journée d'études sur les effets de la participation. Cet article est publié dans le n° 2 de M3.


La prolifération des initiatives qui ont donné corps à l’idée de démocratie participative a été accompagnée par le développement de la recherche en sciences humaines et sociales s’intéressant aux effets de la participation du public. Dépassant l’analyse du rôle des dispositifs, les travaux actuels cherchent à caractériser l’articulation de la participation avec les mobilisations sociales, l’action publique, les systèmes politiques. Ce qui n’est pas sans effet la recherche elle-même.

 

La création du Groupement d’intérêt scientifique « Participation du public, décision, démocratie participative » (Gis Démocratie et Participation), validée par le CNRS à l’automne 2009, a mis en évidence l’ampleur nouvelle des questionnements relatifs au renouvellement de la démocratie dans les sciences humaines et sociales. Son premier congrès s’est tenu du 18 au 21 octobre 2011 à Paris. Il s’est pleinement saisi des questions qui irriguent les travaux de recherche, dans toute leur étendue (crise financière et écologique, mouvements sociaux et critique sociale…) et a dressé une première cartographie d’univers encore dispersés, tantôt tournés vers des enjeux théoriques, tantôt plus insérés dans des activités de terrain. Sa tenue et la création coordonnée de la revue Participations, dont le premier numéro rend disponible le bilan dressé, ont marqué la naissance du champ de recherche spécifique des études de la participation du public en démocratie. Celui-ci ne s’organise pas autour d’un paradigme partagé mais autour de questionnements traversant l’ensemble des travaux, qu’ils portent sur la démocratie urbaine, les relations sciences-sociétés et la démocratie technique, la démocratie écologique, la démocratie sanitaire, etc.

Cette floraison d’adjectifs accolés au nom de la démocratie témoigne de l’absence d’une théorisation commune. En effet, la vague actuelle des études de la participation est celle du retour du conflit comme objet central d’analyse, pour dépasser le tropisme procédural de la vague précédente d’observation fine du fonctionnement des dispositifs. L’étude des conflits va de pair avec un pluralisme des méthodes et des références. Les discussions du congrès ont montré la fécondité de lignes de tension qui parcourent et souvent opposent les travaux, par exemple autour des couples conflit vs consensus, processus vs procédures, délibération vs participation. Il faut noter que le champ des études de la participation se constitue dans le monde francophone (et plus généralement en Europe continentale) sans opposer théories de la démocratie participative et de la démocratie délibérative – alors que cette opposition est plus structurante dans les références anglo-américaines. Mais le congrès a souligné la nécessité de maintenir ouverte la tension entre ces deux points de vue théoriques distincts, alors que les deux concepts de participation et de délibération fonctionnent trop souvent comme des équivalents. Cette mise en tension passe par une large ouverture internationale des travaux.

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