Quotidien politique. Écologie, féminisme et subsistance

Résumé :

Fin des sociétés paysannes, cuisines équipées, bétonisation des terres arables, effacement des savoir-faire et cosmogonies autochtones, ignorance des rythmes du monde vivant… Ces phénomènes divers que l’on apprend aujourd’hui à déplorer sont bel et bien liés, nous disent depuis un demi-siècle des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle. C’est à leurs pensées, méconnues en France, ainsi qu’aux leçons existentielles et politiques qu’il convient d’en tirer, qu’est consacré cet ouvrage. L’auteure puise aussi dans l’observation des alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines qu’elle mène depuis dix ans, pour démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique central, fondateur même.

Sans politique du quotidien, sans reconstruction collective et radicale de notre subsistance, il n’y aura pas de société égalitaire ni écologique. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la généralisation du salariat qui a permis d’accéder à la société de consommation et au confort appareillé, mais le colonialisme et le travail domestique féminin. Une autre organisation politique de la vie et des rapports à la nature est possible ; avec, au centre, la nécessité de prendre en charge la subsistance et son partage. À condition d’être redistribuée, ancrée dans une communauté en prise avec un biotope et des usages, le travail ainsi repensé devient un facteur d’émancipation. Arrimé ainsi à la subsistance commune, la fabrique du quotidien apparaît alors pour ce qu’il est : un enjeu révolutionnaire.

 

Autrice :

Geneviève Pruvost, médaille de bronze du CNRS, est sociologue, chargée de recherche au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS). Ses recherches portent sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Elle a notamment publié, avec Coline Cardi, Penser la violence des femmes.