Quel élan démocratique et participatif dans les bidonvilles marocains ?

          ESSAHEL Habiba (2009), "Quel élan démocratique et participatif dans les bidonvilles marocains ?", communication aux premières journées doctorales sur la participation du public et la démocratie participative, Ecole Normale Supérieure de Lyon, 27-28 novembre 2009.

 


 

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Extrait de l'article

  Introduction   Le Maroc est aujourd’hui un pays en émergence, en plein « bouleversements » aussi bien d’un point de vue politique, économique que social. Cette mutation coïncide avec l’arrivée d’un jeune monarque à la fin des années 90 qui a la volonté de rompre avec les pratiques du passé, controversées et critiquées, celles de son père (Hassan II). Depuis l’intronisation de Mohamed VI, le Maroc connaît un élan démocratique par la multiplication des associations de quartier dans le paysage urbain, social et politique. Cet « élan » est dopé par un contexte international qui impose de plus en plus des règles. En effet, les instances internationales conditionnent leur aide à de nouvelles façons de gouverner. Au nom des Droits de l'homme (houqôuq el insân), elles diffusent l'idéologie de « la bonne gouvernance », de la « durabilité », de la « participation locale », du « droit à la ville », de la « qualité de vie », etc. Ces recommandations, comme celles prônées par le roi à travers ses différents discours (2001, 2003, 2004, 2008), amènent au niveau local, les autorités à les appliquer en établissant des contacts avec le citoyen par le dialogue et la concertation. La « société civile » est considérée comme étant « le centre de gravité » (Jaglin, 2006) des solidarités de proximité. Ainsi, les associations vont devenir un élément clé du dispositif partenarial local et le principal relais auprès des populations démunies. L’évolution des discours officiels et des principes d’intervention dans les quartiers insalubres est donc flagrante, marquée notamment par les références de plus en plus fréquentes aux politiques participatives.
Construit en deux temps, cet article a pour ambition de montrer d’une part comment cette « participation » est traduite concrètement sur le terrain, notamment là où l’action publique est engagée. Une série de questions sont soulevées : comment les habitants par le biais de ces structures (ou non) s’engouffrent-ils dans des espaces qui ouvrent des potentiels de dialogue, de mobilisations et de marchandages ? Que ressort-il de l’observation des citoyens impliqués dans les « dispositifs participatifs » ? Nous verrons que la mise en place de dispositifs territorialisés de régulation locale favorise l’émergence et le développement de comportements de « citoyens actifs » (Blondiaux & Cardon, 2006). D’autre part, ce texte interroge le lien entre « participation » et « effets politiques » : comment la participation ou « l’injonction participative » (Ion, 1999) produit des effets politiques ? Comment les militants associatifs s’emparent des dispositifs participatifs ? Nous verrons que les dispositifs leur permettent d’exister et d’être encore plus visibles sur la scène politique locale.
   

Plan de l'article

  Vers un compromis social
ou comment la participation s'impose dans les projets d'habitat social
  • Un demi siècle de lutte contre l’habitat insalubre
  • Un nouveau contexte politique et social favorable à l’émergence d’une participation
  • L’émergence de comportement "citoyens actifs"
  • Les citoyens face aux dispositifs participatifs
La participation et ses effets politiques
  • L’association de quartier,
    c’est être visible sur la scène politique locale
En guise de conclusion…