L'activité délibérative dans deux processus du type conférence de citoyens : Argumentation et influence sociale

          TAFERE Ingrid (2009), "L'activité délibérative dans deux processus du type conférence de citoyens : Argumentation et influence sociale", communication aux premières journées doctorales sur la participation du public et la démocratie participative, Ecole Normale Supérieure de Lyon, 27-28 novembre 2009.

 


 

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Extrait
 

Introduction : L’activité délibérative et la délibération
Les enjeux de la délibération des publics dans les processus de "démocratie participative", sont largement envisagés dans le champ des sciences sociales, qui en soulignent les "vertus", les limites (Blondiaux, 2008). Elles posent la question de l’amont des dispositifs, leur design, leur déroulé, ainsi que les éventuels effets observables ou supposés. Afin de mieux saisir les enjeux et tensions de la délibération des minipublics, cette communication propose d’interroger cette question sous l’angle de l’activité délibérative dans deux dispositifs de type "conférence de citoyen".
En premier lieu, nous distinguons l’activité délibérative de la délibération, entendue comme processus allant d’une intention vague à une décision, au moyen d’un examen des possibles (échange argumenté dans le cas de la délibération collective) et visant à déterminer l’action. En effet, dans le cas, par exemple, où la participation du public ait été un leurre, la délibération, comme tendance à déterminer l’action en probabilités est illusoire. Pourtant, si les participants au dispositif ont débattu en vue de déterminer l’action (autrement dit s’il y a eu débat) on ne peut nier que l’activité délibérative ait eu lieu. L’activité délibérative se pose donc comme condition nécessaire mais pas suffisante de la délibération. Ceci nous conduit alors à faire une deuxième distinction entre l’action de délibérer, qui est souvent décrite comme le fait d’échanger des arguments en vue d’une décision, et l’activité délibérative. L’activité est ici saisie comme le lieu de travail entre des normes antécédentes, et une tendance à la "renormalisation" dans l’expérience de vie. Interroger l’activité délibérative revient alors à envisager les situations délibératives aux vues de ce que font les participants, de manière élargie, leurs actions et gestes, le sens qu’ils donnent à leur activité, la description qu’ils en font.
Les aspects de l’activité délibérative soulevés résultent d’une approche pragmatiste. Notre propos s’appuie sur l’observation de deux « ateliers » citoyens portant sur des questions de transport, sur les discussions avec les participants, les questionnaires récoltés au cours du processus, ainsi que sur des entretiens réalisés avec les participants après les dispositifs.
Au-delà des enjeux et tensions liés au cadrage et à la régulation effective des dispositifs, cette approche nous conduit à mettre en exergue l’écart ainsi que le lien entre l’activité prescrite, l’activité réelle et la description qu’il peut en être faite et rendue visible. À ce titre, nous décrirons tout d’abord les différentes activités que convoque le dispositif ou qui s’y actualisent. En un second temps, il s’agira d’interroger les rapports entre régulation et activité, les processus d’influence sociale au sein de ces processus ainsi que les dynamiques argumentatives dans la formation de cette opinion collective. Enfin, nous esquisserons les "résultats" de ces dispositifs.
   

 Plan de l'article


Introduction
I- Activités et dispositifs Question, consignes et finalité des dispositifs
De l’information à la délibération
II / Régulation effective et influence sociale La régulation par l'animateur
L’influence sociale ou les "effets de groupe"
Dynamiques argumentatives et opinion
Rapport à l’action
III / Réception de l’avis et visibilité
Conclusion