Troisième séance du séminaire "Plateformes et participation numériques"
Invitée : Hélène Landemore
Discutants : Clément Mabi et Mathieu Brugidou
Cette séance est co-organisée par l’axe 6 intitulé "Plateformes et participation numériques", coordonné par Mathieu Brugidou, Fabrizio Li Vigni et Stéphanie Wojcik, et le groupe de travail « Participation et citoyenneté numériques » du Centre Internet et Société/ GDR Internet, IA et Société, coordonné par Clément Mabi, Edouard Bouté et Stéphanie Wojcik.
Vous pouvez assister à la séance en ligne via ce lien : https://cnrs.zoom.us/j/95682605669?pwd=VmZSSU90TUdORW9seXUyNTZ0TWh4dz09
Hélène Landemore, professeure de sciences politiques à l'Université Yale, titulaire d'un doctorat de l'Université Harvard, se spécialise dans la théorie politique, en particulier la théorie démocratique. Elle est reconnue pour ses travaux sur l'intelligence collective et la démocratie, et s'investit activement dans l'étude des processus participatifs, tels que le processus constituant islandais de 2010 et la Convention citoyenne pour le climat en France de 2019-20. En septembre 2022, elle a été nommée au comité de gouvernance de la Convention citoyenne française sur la fin de vie. Lors de ce séminaire, elle présentera un article qui examine la tension dans la démocratie délibérative entre la réalisation d'une délibération de qualité et la participation de masse. L'article présente deux modèles principaux - la délibération inclusive de Joshua Cohen parmi tous les citoyens, et le modèle à deux voies de Jürgen Habermas limitant la délibération à la sphère politique. Il analyse ensuite le Grand Débat National français de 2019 comme une tentative de créer une "troisième voie" intermédiaire pour une délibération publique semi-structurée. L'article examine comment l'intelligence artificielle pourrait contribuer à étendre la délibération à un plus grand nombre de participants, soit par le biais de plates-formes de délibération en ligne de masse, soit par l'organisation de plusieurs assemblées mini-publiques tournantes. Il aborde six fonctions clés où l'IA pourrait être utile : la sélection des participants, la facilitation, la traduction, la vérification des faits, le regroupement des arguments et la synthèse des résultats de la délibération. Bien que la réalisation de l'idéal d'une délibération entièrement inclusive soit probablement impossible, l'IA pourrait permettre une approximation de la délibération parmi un plus grand nombre de citoyens. L'article conclut qu'un pourcentage substantiel impliqué dans des assemblées tournantes pourrait atteindre le seuil de la délibération de masse et de la légitimité démocratique.