Qualifier la contestation : Insurrection, violence politique, manifestations en 2016

Journée d’études organisée par le Cresppa-LabToP (UMR 7217) et le Centre d’Etudes Sociologiques et Politiques Raymond Aron (UMR Cespra)

A chaque époque ses soubresauts, ses ébranlements et ses critiques : zones à défendre, désobéissance civile, cortège de tête des manifestations contre la Loi Travail, Nuit debout, hacktivisme, dissidence, insurrection, etc. Autant d’objets actuels et souvent récents, qui ouvrent des questions irrésolues par les sciences sociales, en ce qui concerne l’articulation entre social et politique dans ces luttes, ou encore le projet de transformation sociale qui y est énoncé. Ce sont les registres multiples de la contestation, et depuis des prises parfois contradictoires (entre le réalisme et l’impossible), dont il s’agit de fournir un aperçu cartographique à travers cette journée d’étude. Ce faisant, il s’agira de préserver ouverte une double tension : tension entre qualifications scientifiques et qualifications ordinaires ; et tension entre l’ambition taxinomique du sociologue et la résistance que les matériaux de son enquête opposent à toute entreprise taxinomique.

De nombreuses lignes de clivage, de nombreux linéaments traversent l’espace français des mouvements sociaux, mais une attention particulière sera accordée aux éléments suivants durant toute la journée : la configuration actuelle des scènes protestataires, et les transformations catégorielles des contestations, de leurs acteurs, reprenant ou non des traditions critiques et politiques ; la polarisation violence / non-violence, mais également « citoyennisme » / insurrection dans les grammaires contestataires, étant entendu que ces pôles constituent des idéaux-types entre lesquels se dessine une vaste palette de nuances intermédiaires ; l’agir contestataire, déployant des formes d’action directe, d’occupations, de récits et une relation spécifique aux ordres politiques ; la mise à l’épreuve de l’Etat, la relation aux ordres judiciaires et politiques qu’induisent ces contestations.

Cette journée d’études est conçue comme un espace d’échange où sont présentés des outils conceptuels et méthodologiques pour appréhender des enjeux spécifiques qui font l’objet de travaux en cours portant sur les mouvements récents (contestations, occupations, assemblées, Zad). Elle est ouverte à tous les doctorants et chercheurs intéressés par cet objet.

8h45-9h : Accueil des participants : Sylvaine Bulle (LabTop-CRESPPA) et Manuel Cervera-Marzal (CESPRAEHESS)

- Presidence : Laurent Jeanpierre (LabTop-CRESPPA). Discutante : Paula Vásquez Lezama (CESPRAEHESS)

9h-10h15 : Trajectoires et linéaments de la contestation
- Julie Le Mazier (CESSP-Paris 1) : « Les militants étudiants sont-ils des jeunes comme les autres ? Regards
sur la mobilisation contre la loi travail à partir d'une sociologie des syndicalistes étudiants à la fin des années 2000 »
- Cyprien Tasset (IRIS-EHESS) : « Les investissements politiques du précariat culturel »
- Alexandra Bidet (CMH-ENS) et Carole Gayet-Viaud (CESDIP-CNRS) : « Enquêter sur Nuit debout »

10h15-11h30 : Réalités et ambiguïté de la démocratie radicale en 2016 : catégorie politique, publics.
- Albert Ogien (CEMS-EHESS) : « La démocratie radicale et ses ennemis »
- Michel Kokoreff (GTM-CRESPPA): « Des émeutes de 2005 à Nuit debout : continuités et discontinuités »
- Federico Tarragoni (LCSP-Paris 7) : « Nuit debout est-il un mouvement (véritablement) populaire ? »

11h30-11h50 : Pause

11h50-13h : Echanges animés par Laurent Jeanpierre et Paula Vasquez-Lezama

14-18h : Présidence : Olivier Remaud (CESPRA-EHESS). Discutant : Lilian Mathieu (CMW-Lyon2-ENS)

14h-15h15 : Registres de traitement de la contestation et pensée de l’Etat
- Alessio Motta (CESSP-Paris 1) : « L’inévitable émeute. La violence collective comme institution »
- Pierre Douillard-Lefevre ( Université Nantes) : « Prendre la rue : réflexion sur la militarisation de l’ordre et
l’écologie de la résistance »
- Anthony Pregnolato (Centre Marc Bloch, Université Paris-Ouest) : « Les enjeux de la qualification de la
"violence policière" dans le mouvement contre la loi travail : conflits et alliances contre les déviances policières
violentes »

15h15-15h30 : Pause
 

15h30-16h45 : Ecologie sociale des luttes
- Emmanuel Ruzé (CRISSEA-Université de Picardie) : « Etude exploratoire du mouvement Nuit Debout »
- Clement Mabi (COSTECH-Université de Compiègne) : « Contester par Internet. Radicalité politique et
circulation des discours autour du cas de l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes »
- Bruno Frère (Université de Liège) : « Faire émerger la critique dans le monde »

16h45-17h45 : Echanges animés par Olivier Remaud et Lilian Mathieu


Pot final

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