La démocratie ouvre son chantier (Biennale Turin : 13/04/11)

Journée d'ouverture de la deuxième édition de la Biennale de la Démocratie, Turin.

L’image qui résume le mieux cette journée d’ouverture de la Biennale de la Démocratie 2011 de Turin est sans doute la longue queue hors du théâtre de la Place Carignano de citadins en attente de pouvoir assister à la leçon inaugurale de Mario Draghi (gouverneur de la Banque d’Italie) malgré le fait que le théâtre soit affiché complet.

Même si ce n’est que sa deuxième édition, la Biennale semble être déjà devenue un rendez-vous attendu par tous ceux qui s'intéressent au rapport entre démocratie et participation.

Cela n’étonne pas vu que la Biennale est un véritable laboratoire public permanent qui voit s'impliquer lycéens et étudiants dans des ateliers multiples et qui se clôture, tous les deux ans, par 5 jours d'événements ouverts à tous les citoyens.

Ainsi, lors de l’édition 2009, plus de 35 000 personnes ont participé, contribué, assisté aux rencontres que la Biennale proposait avec des personnalités de la culture, du spectacle, de la politique, des medias de masse.

Pouvoir, oligarchies, information : quels enjeux pour la démocratie de demain ?

Cette édition semble déjà dépasser la précédente comme l’indique le large spectre de ses thématiques et l’attention très forte portée par les citoyens à son inauguration dès la première journée. Du 13 au 17 avril, en effet, plus de 150 événements  seront consacrés au thème central du rapport entre démocratie et oligarchie. Comme le laisse voir le titre de cette deuxième édition – Tous. Beaucoup de monde. Peu de monde –, la Biennale organise ses débats à la fois autour de l’aspiration démocratique à la distribution du pouvoir et autour des processus d’échelle mondiale. Ces derniers mènent au renforcement des oligarchies économiques, culturelles et politiques, restreignant le cercle du pouvoir  dont la plupart de la population est exclue. C’est pourquoi cette édition consacre beaucoup d’importance et d’attention à la qualité de la citoyenneté, avec une section du programme dédiée à l’écologie démocratique, avec des ateliers quotidiens  sur l’information, des débats sur la connaissance et le pouvoir dans le web, des discussions et séminaires sur les nouveaux droits, et avec un cycle Grands Discours de la Démocratie.

L'économie à l'épreuve démocratique: une leçon inaugurale

En prenant comme exemple la crise économique et financière qui a bouleversé depuis 2009 les configurations étatiques et économiques internationales et nationales, Draghi a montré que ce type de choc  a produit une série de structures et réseaux informels et trans-gouvernamentaux, ouvrant l’espoir d'un renouvellement du système financier international, d'un débat public international sur des questions telle que le « jeu de hasard  moral » des institutions financières d’échelle mondiale. L’interpénétration des marchés économiques non seulement ne permet plus de considérer comme négligeable des événements géographiquement lointains, mais elle renforce la coexistence et la tension constante entre marché et démocratie. Or dans une époque où les appartenances nationales passent de moins en moins par la territorialité, cette tension apparaît encore plus chargée d’enjeux  : quelle gouvernance globale ? Quelle légitimité ? Quelle représentation ? Quelle forme de participation ?

  Ces interrogations et d’autres encore feront l’objet d’hypothèses de réponses de la part des intervenants aux prochaines rencontres de la Biennale ainsi que de la part du public inscrit aux nombreux workshops organisés.

Rendez-vous donc à demain, pour  rentrer dans le vif de ces questions et ouvrir ce deuxième chantier démocratique !