Tirage au sort et politique : de l'autogouvernement républicain à la démocratie délibérative

        SINTOMER Yves (2011),
"Tirage au sort et politique : de l'autogouvernement républicain à la démocratie délibérative",
Raisons Politiques, n°42, pp.159-186.      

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Résumé

 

Quelles étaient les fonctions de l'usage politique du tirage au sort dans la République de Florence, et quels liens entretenait-il avec la délibération ? Pourquoi cette procédure est-elle de nouveau utilisée depuis quelques décennies dans de nombreux dispositifs délibératifs ? L'invention de l'échantillon représentatif marque une rupture entre les usages anciens et modernes du tirage au sort. Celui-ci, tout en conservant sa fonction d'impartialité, soutient désormais une logique de démocratie délibérative centrée sur des mini-publics contrefactuels, et non plus une logique d'autogouvernement républicain où chaque citoyen est tour à tour gouvernant et gouverné. Cette comparaison historique permet de mieux comprendre les expériences actuelles de démocratie délibérative et certains des défis auxquels elles sont confrontées.
   

Plan de l'article

  Tirage au sort des offices et autogouvernement républicain dans la Florence de la première Renaissance
  • La sélection aléatoire des personnes occupant les offices publics
  • Tirage au sort et délibération
  • Politique, autogouvernement républicain et démocratie
Mini-publics tirés au sort et démocratie délibérative
  • Échantillon représentatif et représentation descriptive
  • Les défis des mini-publics délibératifs
  • La légitimité du tirage au sort
  • Conseiller, contrôler, juger, décider
    Conclusion    

Abstract

  What have been the functions of the political use of sortition in the Florentine Republic, with what kind of relation with deliberation ? Why has this device come back in the last decades, in many deliberative devices ? The invention of the representative sample makes a decisive difference between Ancient and Modern use of random selection in politics. While keeping a function of impartiality, its logic has shifted from Republican self-government, where each citizen is governing and governed in turn, to deliberative democracy, where a counterfactual mini-public is given a voice. Through this historical comparison, one can better understand the actual deliberative experiments and underline several challenges they have to face.