Négociation et démocratie

Négociation et démocratie

Appel à articles pour un numéro spécial de la Revue Négociations

Coordinateurs :

Antoine Bevort (Lise-CNAM-CNRS) Olivier Giraud (Lise-CNAM-CNRS)  

La crise des modèles démocratique de concertation (Pays-Bas, Belgique), les tensions croissantes dans les régimes plus majoritaires (USA, France, Italie, Espagne, Japon), ainsi que les aspirations mais aussi les résistances suscitées par les dispositifs de démocratie participative dans différentes parties du monde, nous invitent à repenser en profondeur le dilemme démocratique. Ce dilemme oppose classiquement les démocraties représentatives majoritaires qui privilégient la gouvernabilité aux démocraties de consensus (Lijphart, 1977) qui estiment nécessaires de prendre en compte les avis minoritaires, d’obtenir l’assentiment de majorités plus larges que la simple majorité des voix ou d'éviter des tensions ancrées localement.

Les discussions récentes, notamment en Allemagne ou dans le monde anglo-saxon, autour des notions de « démocratie de négociation » ou de « démocratie délibérative » indiquent que se développe une réflexion forte sur la démocratie comme processus qui implique à la fois un temps plus long de la décision mais aussi la multiplication d'arènes délibératives dans la société (arènes multiples de la décision, de la concertation politique et sociale, du pilotage politico-administratif, de la mise en œuvre, des usages des décisions consenties par les destinataires, ou encore de leur évaluation).

Les interrogations s'appliquent également aux lieux de pouvoir comme l'entreprise, les collectivités territoriales ou aux secteurs d'action publique comme l’université, la santé, etc. Enfin, les tensions politiques qui se manifestent dans des pays aussi divers que la France, les USA ou les Pays-Bas indiquent que les consensus fondateurs sur les règles du jeu démocratique font aujourd'hui l'objet d’interrogations, voire de défiances et de contestations. Ces tensions semblent indiquer la rupture des compromis sur des enjeux fondamentaux comme les contours de la communauté politique et la forme reconnue de citoyenneté ou encore sur la conception ultime du rôle de l'État par rapport à celui des parties prenantes. La contestation radicale de systèmes démocratiques anciens comme celui des relations industrielles dans le contexte américain ou celle de l’État social en Europe montre bien que les conflits sur les valeurs et sur les procédures ne se limitent pas aujourd'hui à la sphère institutionnelle et politique, mais débordent sur des domaines qui touchent à la vie de l'entreprise, à la gouvernance des politiques sociales, et, le cas échéant, à l'organisation de la démocratie locale ou de proximité.

Dans la perspective dessinée ici, le numéro spécial "Négociation et démocratie" procèdera de trois choix principaux. En premier lieu, le numéro ouvrira le débat à propos des tensions et processus actuels de redéfinition des normes de la démocratie et de la négociation dans différents contextes sociaux. En deuxième lieu, il interrogera les liens entre démocratie et négociation à partir d'une série d'expériences connues de démocraties de négociation (Belgique, Pays-Bas, Suisse, Allemagne, Liban, Afrique du Sud, etc.). Enfin, le numéro veillera à maintenir un équilibre entre des contributions interrogeant le processus actuel de construction du débat (réflexion plus intellectuelles, théoriques, comparatives, etc.) et des analyses de situations empiriques au sein desquelles négociation et démocratie sont concrètement associées.

Calendrier du numéro spécial :

  • Date de remise des réponses à l’appel à contribution sous forme d'un résumé de 3000 signes : 15 septembre 2012
  • Sélection pour la publication par les coordonnateurs et le comité de rédaction : vers le 15 octobre 2012
  • Envoi par les auteurs des papiers retenus en première version intégrale : 15 janvier 2013
  • Date de publication du numéro de la revue : deuxième semestre 2013