Les chemins de la visibilité

 

 

Séminaire

"La représentation politique : histoire, théories, mutations contemporaines"

 

Prochaine séance avec

Dominique Cardon

(Orange Labs)

"Les chemins de la visibilité. Les algorithmes du web et la représentation des univers numériques"

Le 14 janvier de 14h30-17h, EHESS, 190-198 avenue de France, Paris 13e, en salle 640 (Séminaire du Grepo en association avec le CEVIPOF)        Discussion : Stephanie Wojcik (Université Paris Est Créteil).  

Contenu du projet GRePo

La représentation est au centre de la science politique. Plus exactement, elle devrait l’être : nombreux sont les travaux qui en éclairent telle ou telle facette, mais nous manquons de confrontations qui abordent explicitement cette catégorie – utilisée par les acteurs comme par les scientifiques – et qui permettent d’en saisir systématiquement toutes les dimensions. Cela est d’autant plus dommageable que le mot représentation et les termes qui lui sont associés (représentant, représentatif, etc.) désignent en français et dans la plupart des langues dérivées du ou influencées par le latin un ensemble de sens extrêmement hétérogènes qui, dans d’autres langues, ne peuvent être spontanément associés. La complexité des dynamiques que porte la représentation élective reste ainsi insuffisamment thématisée, tandis que la polyvocité de la représentation politique est trop vite plaquée sur le seul mandat électif. Par ailleurs, les travaux de science politique sur la représentation sont loin d’avoir pleinement intégré les apports d’autres disciplines, comme l’histoire, la philosophie, l’anthropologie, l’histoire et la sociologie des sciences, les études littéraires ou culturelles, qui construisent différemment cet objet.

L’objectif du groupe de projet est volontairement large : nous aimerions croiser les analyses des diverses formes de représentation politique. De façon éclatée, des études sociologiques, historiques, philosophiques, anthropologique, littéraires ou culturelles mettent en lumière la multiplicité des situations où l’on parle, agit ou décide au nom d’un collectif, et en particulier au nom du peuple, où l’on argue de la représentativité ou de la non-représentativité d’une instance ou d’un collectif, où l’on met en scène la personne du ou des représentants, où des « représentants » forgent des représentations qui contribuent à constituer les groupes censés être représentés. Notre ambition est de favoriser leur mise en dialogue, pour mieux cerner les points de convergence et les zones de tension et pour produire des perspectives nouvelles. Nous souhaitons articuler études empiriques et réflexions épistémologiques ou théoriques. Nous entendons promouvoir des échanges nourris entre les différentes sous-disciplines de la science politique. En particulier, nous souhaitons croiser les apports de la sociologie historique du politique, de l’histoire des idées en contexte, de la théorie politique et de la sociologie politique (sociologie électorale, sociologie des mouvements sociaux, sociologie de la démocratie participative, etc.). Nous souhaitons aussi favoriser l’interdisciplinarité, la prise en compte de la dimension de genre et une forte ouverture internationale.

Cette dernière constitue un fil rouge de notre projet. Comment pense-t-on la représentation politique dans une société divisée en castes, comme en Inde, dans un contexte où des pratiques participatives d’ampleur impliquant les mouvements sociaux se mettent en place jusqu’à l’échelle fédérale, comme au Brésil, ou dans un pays où les stratégies de démocratisation d’un système politique autoritaire présentent souvent l’instauration d’élections compétitives au-delà de l’échelle des villages comme problématique et peu efficace et se voit couplée à la mise en place de dispositifs participatifs innovants, comme en Chine ? Ces formes de décentrement du regard vise à permettre de « provincialiser l’Europe » et, a fortiori, la France, pour nous aider à repenser la représentation politique au-delà des frontières qui lui sont habituellement assignées.

Plusieurs pistes nous semblent particulièrement productives pour amorcer les travaux du groupe :

1. Les sens de la représentation

Depuis l’ouvrage fondateur d’Hanna Pitkin, la pluralité des significations de la représentation a donné lieu à de nombreuses explorations en théorie politique : différentes typologies ont été construites, enrichies, contestées, mises en relation avec d’autres galaxies conceptuelles. Parallèlement, des travaux d’histoire conceptuelle, menés principalement en Allemagne, ont permis de mieux cerner les formulations linguistiques des différentes significations de la « représentation ».

Cet axe de recherche entend faire un bilan de ces travaux sur les significations et les conceptualisations de la représentation et les prolonger en suivant quatre pistes intriquées. (1) Comment la représentation politique, dans ses acceptions différenciées, s’est-elle construite au croisement de ces sens contrastés, en empruntant à d’autres domaines ou en travaillant à la construction de réalités spécifiques ? Que s’est-il joué dans l’invention de « la » représentation politique en Occident, et en quoi la notion apporte-t-elle quelque chose d’irréductible à l’épistémè politique moderne ? (2) Nous essaierons également de nourrir notre réflexion par l’étude des autres façons de nommer « la » représentation, en particulier dans des contextes linguistiques extra-européens. (3) Par ailleurs, nous discuterons des différentes conceptualisations de la représentation politique qui sont aujourd’hui proposées à l’échelle internationale. (4) Enfin, nous procéderons à la mise en regard de l’histoire conceptuelle avec l’histoire sociale et avec les enquêtes sociologiques. En particulier, comment les mots utilisés par les acteurs servent-ils (ou non) à des épreuves de critique et de justification, dans les différents contextes étudiés ?

2. Les représentés dans le travail de représentation, les politiques de la présence et la représentation descriptive

Dans la majeure partie des études de science politique sur la représentation, la focalisation s’effectue sur le monde des représentants. Or, on gagne à se poser la question de ce que signifie la représentation politique dans la perspective d’une histoire ou d’une sociologie « par en bas ». Au-delà de la simple délégation de pouvoir à des mandants, l’existence d’une relation de représentation implique les représentés d’au moins trois façons. Tout d’abord, le groupe des représentés est construit dans le travail même de la représentation, comme l’ont montré Pierre Bourdieu mais aussi, quoiqu’avec des attendus théoriques très différents, Bruno Latour et la sociologie des controverses scientifiques. Ensuite, ce processus est au cœur des mécanismes complexes par lesquels des groupes subalternes sont politisés, voire s’érigent en acteurs de leur propre destin. Enfin, dans les systèmes démocratiques, la représentation institutionnalise des épreuves (dont l’élection) au cours desquelles les représentés effectuent des démarches de jugement public des paroles et des actes des représentants.

Une dimension semble de ce point de vue particulièrement importante. La lutte contre la monopolisation du travail de représentation par les groupes dominants passe souvent par des théories et des expériences qui relèvent de la « représentation de groupe », qui vise à garantir une place spécifique aux groupes subalternes. La représentation de groupe constitue l’une des versions de la représentation descriptive, dont la conception doit historiquement beaucoup aux élaborations et aux pratiques des arts (notion de mimesis), de littérature et des sciences naturelles – mais qui est désormais forgée à l’aune des statistiques et de la sociologie en général. Au cours des dernières décennies, celles-ci ont particulièrement influencé une autre version politique de la représentation descriptive, liée aux pratiques impliquant les sondages et les mini-publics délibératifs tirés au sort – deux pratiques opposées quant à la manière de construire l’opinion mais unies par une référence commune à l’échantillon représentatif. Ces mini-publics, tout en visant eux aussi à contrer la monopolisation de la représentation par des individus issus de groupes sociaux restreints, diffèrent cependant de la représentation de groupe en ce qu’ils ne visent pas à favoriser l’organisation des groupes subalternes autour de la défense de leur valeur et de leurs intérêts et qu’ils privilégient une construction délibérative des réponses aux problèmes de la cité.

3. La représentation au-delà de l’élection

L’assimilation entre représentation et élection de gouvernants est une habitude dont il est difficile de se départir. Il est pourtant nécessaire de porter une attention plus grande aux pratiques politiques non électorales de participation, de délibération, de contestation, où apparaissent souvent des porte-parole, de la délégation, de l’incarnation. Des individus y émettent des prétentions à parler au nom des autres, y sont ou non considérés comme légitimes pour ce faire, et y sont confrontés à des élus face auxquels ils peuvent revendiquer d’autres types de représentativité. Dans le gouvernement représentatif, les élus sont désignés selon la règle majoritaire, pour une période de temps longue, en tant que professionnels, avec une compétence légale pour agir au nom des gouvernés. Au contraire, les porte-parole spontanés ne sauraient revendiquer une légitimité élective, ne disposent pas d’une structure hiérarchique qui leur garantirait l’obéissance de leurs sympathisants et ne peuvent s’appuyer sur des moyens de contrainte légale. Ils reposent ainsi sur une forme de représentation qui semble aux antipodes de la logique intrinsèque du gouvernement représentatif.

Les nouveaux mouvements sociaux des années 1970-1980, et en particulier le féminisme, sont de ce point de vue paradigmatiques. La représentation basée sur une structure organisationnelle faible a toujours existé, et fut importante dans la constitution progressive de la classe ouvrière au XIXe siècle, comme l’a montré E.P. Thompson. Le rétrécissement de la sphère d’influence des partis ou des organisations de masse, le rapport plus distancié à l’engagement, le développement d’Internet et des réseaux sociaux contribuent à renforcer son importance. Lorsque sont rassemblées sur une base volontaire des figures hétérogènes (représentants élus, porte-parole cooptés ou autoproclamés, lobbies organisés, militants ou citoyens actifs), les décisions prises par « consensus apparent » plutôt que par vote se multiplient. A l’échelle internationale, les sommets de l’environnement des années 2000 ou les Forums sociaux altermondialistes en constituent des exemples contrastés. A l’échelle nationale, de telles dynamiques sont loin d’être cantonnées aux révolutions antiautoritaires, comme en témoignent les mouvements des Indignés. Cet axe de recherche aura donc pour ambition de rendre compte de ces différentes façons de faire jouer la représentation en dehors de la relation électorale, en croisant approches théoriques et enquêtes empiriques.

4. Représentation élective et représentation symbolique

La centralité de l’élection dans l’étude de la représentation s’est accompagnée de la mise entre parenthèse de l’étude des aspects symboliques de la représentation politique. Le fait de parler et d’agir au nom de collectifs est indissociable de la production de représentations de ces collectifs et d’une mise en représentation des représentants, qui passe notamment par les corps. Des images, des discours, des récits et des mises en scène accompagnent le travail de représentation, amenant les groupes au nom desquels on parle et on agit à se trouver doublement représentés : par ceux qui s’autorisent d’eux, et par les symbolisations dont ils sont l’objet. Plus, l’unité d’un groupe social ou d’une communauté politique dans son ensemble passe par leur incarnation dans une ou des personnes dont les caractéristiques sociales, de genre, raciales ou générationnelles et dont l’hexis corporelle a de forts effets sur la représentation que les membres de la collectivité se font de cette dernière. Elle implique aussi des rites, des objets et dispositifs symboliques qui, quoiqu’interprétés différemment par les individus et les groupes concernés, semblent permettre une certaine unité de la multitude. En particulier, le travail de « visualisation de la Nation », pour reprendre l’expression de Joan Landes, est indissociable de la création d’une communauté politique, tout en charriant avec lui des catégorisations qui agissent sur cette communauté. Or, la dimension symbolique du rôle des élus dans le gouvernement représentatif reste insuffisamment interrogée. Pourtant, ce qui a lieu dans leurs relations aux représentés ne peut se réduire à la délégation d’un mandat. Si cet aspect de la représentation politique est déjà l’objet de nombreux travaux dans d’autres contextes nationaux (notamment en Allemagne) et disciplinaires (l’histoire des représentations collectives, l’histoire de l’art, les arts plastiques et les arts vivants, la littérature ou la Kulturwissenschaft), la science politique française n’a commencé que récemment à s’en saisir. Il s’agit donc là d’une piste particulièrement prometteuse à développer.

Au total, il s’agira d’analyser comment le pouvoir se représente et se met en scène à une époque où les figures de la représentation se pluralisent. Comment s’articulent la prolifération d’une socialité en réseaux et les constructions sans cesse renouvelées de « communautés imaginées » autour de personnes et de dispositifs symboliques unificateurs ? Comment joue l’hexis corporelle des représentants lorsque la représentation-mandat fait face à la montée de la représentation descriptive et à la concurrence de représentants informels qui se font les avocats de causes politiques revendiquant elles-aussi le bien commun ? Est-il possible d’observer des modes de représentation qui n’impliquent pas de rapports de domination et qui soient compatibles avec des logiques délibératives ? Pour employer un langage emprunté à l’histoire de l’art, peut-on diagnostiquer l’émergence de figures « iconiques » plus qu’« idolâtriques » de représentation ? Aujourd’hui plus que jamais, les démocraties modernes ne sauraient se résumer au seul gouvernement représentatif, et encore moins à la forme-parti sur laquelle celui-ci a reposé au siècle dernier. En croisant plusieurs approches, conceptuelles et empiriques, en creusant la façon dont le travail de représentation est amené à se réarticuler, l’ambition du présent groupe de recherche est aussi de contribuer à éclairer de façon comparative certaines des mutations contemporaines de la démocratie.


Participants & Contacts

Responsables scientifiques : Virginie Dutoya, Emilie Frenkiel, Samuel Hayat, Yves Sintomer, Stéphanie Tawa Lama-Rewal

Virginie Dutoya est chargée de recherche au Centre Émile Durkheim (CNRS - Sciences Po Bordeaux). Elle a soutenu en  2012 une thèse de science politique à l’IEP de Paris, qui a été publiée en 2014 aux éditions Dalloz sous le titre La représentation des femmes dans les Parlements de l’Inde et du Pakistan. Ses recherches actuelles portent sur les pratiques et modèles de représentation dans une perspective sociohistorique et comparée, les articulations entre genre, nation et « modernité » en contexte colonial et postcolonial, et les mobilisations autour de la cause des femmes et du genre en Asie du sud.

Emilie Frenkiel est ATER de science politique à l’Université Paris 8. Elle a soutenu en juin 2012 une thèse d’études politiques à l’EHESS intitulée La démocratie conditionnelle. Le débat contemporain sur la réforme politique dans les universités chinoises. Rédactrice en chef des revues La Vie des Idées et Books&Ideas, elle travaille sur les théories et les pratiques démocratiques, ainsi que sur le débat politique en Chine. Elle prépare actuellement avec Chloé Froissart un dossier sur l’évolution récente des mouvements sociaux en Chine, à paraître en 2013 dans Books & Ideas et un chapitre sur le tirage au sort à paraître dans le Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation. Elle a publié récemment les articles « Parler politique en Chine. Les différents courants idéologiques en Chine », Le Banquet, 2012 (à paraître), « Etre politologue en Chine », Trasformazione, 2012 (à paraître) et « Une démocratisation aux couleurs de la Chine », Politique Internationale, vol. 76, n°4, 2011.

Samuel Hayat est post-doctorant en science politique au CRESPPA (Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris, CNRS/Université Paris 8). Il a soutenu en 2011 une thèse de science politique à l’Université Paris 8 Saint-Denis, intitulée « Au nom du peuple français ». La représentation politique en question autour de la révolution de 1848. Membre de la société Proudhon et des comités de rédaction des revues Tracés et Participations, il travaille principalement sur les pratiques et les théories démocratiques, ainsi que sur le mouvement ouvrier français et le socialisme du XIXe siècle. Il a récemment publié les articles « Les controverses autour du travail en 1848 », Raisons politiques, n°47, 2012, « Participation, discussion et représentation : l’expérience clubiste de 1848 », Participations, n°2012/2, et « Démocratie participative et impératif délibératif : enjeux d’une confrontation », in Marie-Hélène Bacqué et Yves Sintomer (dir.), La démocratie participative : histoires et généalogies, La Découverte, 2011.

Yves Sintomer est professeur de science politique, laboratoire CRESSPA (CNRS/Université de Paris 8), et membre senior de l'Institut Universitaire de France. Il est chercheur associé dans les Universités de Lausanne et Neuchâtel (Suisse) et au Centre Marc Bloch de Berlin. Il a été directeur adjoint de ce centre. Il a publié de nombreux ouvrages et articles sur les questions de la démocratie participative et délibérative et travaille aujourd'hui sur la représentation politique dans une perspective comparée. Il a notamment publié Petite histoire de l'expérimentation démocratique. Tirage au sort et politique d'Athènes à nos jours, La Découverte, 2011, Vom Süden lernen? Bürgerhaushalte Weltweit(en coll. avec C. Herzberg et G. Allegretti), Inwent/Servicestelle Kommunen in der Einen Welt, 2010, Porto Alegre, l’espoir d’une autre démocratie (en coll. avec M. Gret), La Découverte, 2002, Hoffnung auf eine neue Demokratie. Bürgerhaushalten in Lateinamerika und Europa(en coll. avec C. Herzberg et H. Kleger), Campus, 2012.

Stéphanie Tawa Lama-Rewal est chargée de recherche et co-directrice au Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CNRS-EHESS, Paris). Après avoir soutenu une thèse (en 1999) sur la représentation politique des femmes en Inde et au Népal (sous la direction de C.Jaffrelot), elle a réalisé son post-doctorat (2000-2001) à l’Institute of Social Sciences de New Delhi. Recrutée au CNRS en 2002, elle a été mise à disposition au Centre de Sciences Humaines (UMIFRE 20) de New Delhi de 2005 à 2009. Ses recherches portent sur la démocratie indienne, et plus précisément sur la représentation politique des groupes,  la démocratie locale, la gouvernance urbaine, le développement des procédures participatives et les relations entre représentation et participation. Sur ces sujets, elle a notamment publié l’ouvrage Femmes et politique en Inde et au Népal. Image et présence, Karthala, 2004, dirigé le livre Electoral Reservations, Political Representation and Social Change in India. A Comparative Perspective, Manohar, 2005, et les articles « Des républiques villageoises aux associations de quartier: Généalogie des dispositifs participatifs indiens », Revue Tiers Monde, n°201, 2010, et (avec Charlotte Lemanski), « The ‘missing middle’: Participatory Practices in Delhi’s Unauthorized Colonies », Transactions of the Institute of British Geographers, 2012.

Contacts:

  • Virginie Dutoya
    Centre Émile Durkheim
    Sciences Po Bordeaux
    11 allée Ausone
    33607 Pessac Cedex
    Virginie.dutoya@sciencespo.fr
  • Emilie Frenkiel
    CESPRA (EHESS) et Université Paris 8
    Département de science politique – Université Paris 8, 2 rue de la liberté, 93526 Saint-Denis cedex
    01 49 40 75 70
    anmingli@gmail.com

  • Samuel Hayat
    CRESPPA-CSU (CNRS/Université Paris 8)
    Département de science politique – Université Paris 8, 2 rue de la liberté, 93526 Saint-Denis cedex
    01 49 40 70 75
    samuel.hayat@univ-paris8.fr
  • Yves Sintomer
    CRESPPA-CSU, 59-61 rue Pouchet, 75 849 Paris cedex 17
    01 40 25 11 34
    sy@cmb.hu-berlin.de

  • Stéphanie Tawa Lama-Rewal
    CEIAS - EHESS, 190-198 avenue de France, 75244 Paris cedex 13
    01 49 54 83 82
    tawalama@ehess.fr