La gestion politique dans le canton de Saquisili en Equateur : entre démocratie participative et "corporatisme indigène"

          LE QUANG Matthieu (2009), "La gestion politique dans le canton de Saquisilí en Équateur : entre démocratie participative et corporatisme indigène", communication aux premières journées doctorales sur la participation du public et la démocratie participative, Ecole Normale Supérieure de Lyon, 27-28 novembre 2009.

 


 

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Extrait de l'article

  Introduction   En Equateur, le mouvement indigène a profité d’une ouverture des structures politiques et des changements au sein des structures de pouvoir local traditionnellement excluant en terme de genre, classe et ethnicité. Les réformes agraires de 1964 et 1973 ont redistribué la terre en supprimant le système des haciendas. Cette dissolution des haciendas a laissé un vide du pouvoir avec une quasi-absence de l’Etat équatorien qui a délaissé la Sierra pour s’occuper du boom pétrolier amazonien. Les communautés en ont profité pour renforcer leur pouvoir politique local grâce à la récupération de la terre et la reconnaissance de leurs structures organisatrices. "Aucune autorité n’a pu entrer en territoire indigène sans autorisation".
C’est à partir des communautés qu’il va y avoir la formation des organisations de second degré (OSG) puis des organisations de troisième degré (OTG) qui font un travail de socialisation très important dans les communautés. C’est pour cela qu’il faut bien différencier les niveaux local et national au sein du mouvement indigène. Les organisations de second degré sont plus homogènes et peuvent avoir une influence plus concrète dans les communautés et mettre en place le slogan de la "démocratisation de la démocratie". A Saquisilí, la Jatarishun est la seule organisation représentant les indigènes et les paysans. Cela constitue à la fois l’unité de l’organisation et sa force.
Ce panorama des types de participation dans le canton de Saquisilí a été réalisé à partir des textes législatifs établissant les procédures participatives (par exemple, l’Ordonnance n°347), de compte-rendus officiels de la mairie de Saquisilí, d’entretiens avec les autorités locales (anciennes et actuelles) et des dirigeants de la Jatarishun et d’observations de terrain impliquant notamment de nombreuses réunions de la Jatarishun. Faisant partie d’une recherche en cours, sur un terrain difficile (notamment dans l’approche et la connaissance des différents acteurs), certaines questions ne pourront pas être approfondies (par exemple les acteurs de la participation en milieu urbain).
Après une remise en contexte, il nous faudra analyser la participation citoyenne dans le canton de Saquisilí à travers la mise en place de la démocratie revendiquée depuis sa création par le mouvement Pachakutik. Puis nous verrons les différents mécanismes de participation et en quoi ceux-ci contrebalancent-ils les effets de l’action de la Jatarishun que nous définirons comme un "corporatisme indigène".  

Plan de l'article

  Quelques éléments de contextualisation
  • Le mouvement indigène au niveau national : entre mouvement social et participation politique
  • Le mouvement indigène au niveau local : l’exemple du canton de Saquisilí
  • L’instauration d’une démocratie participative
Les différents mécanismes participatifs à Saquisilí
  • Plan Participatif de Développement Cantonal de Saquisilí (PPDCS)
  • Comité de Développement Cantonal de Saquisilí (CDCS)
  • Assemblée cantonale de Saquisilí
Les enjeux sociaux de ces différents types de participation
  • Une plus grande transparence dans la gestion locale et dans la distribution des ressources financières
  • Une remise en cause des frontières ethniques ?
Conclusion