La Démocratie "Augmentée"

 

La Démocratie « Augmentée »
ou comment les outils numériques sont des vecteurs vertueux de démocratie participative...

  Florence Durand-Tornare  
En préambule, j’aimerais préciser que les instruments numériques sont un composite de plusieurs innovations technologiques, des technologies encore instables, toujours en invention.
Aussi perfectibles et évolutives qu’elles soient, elles permettent déjà d’assister à des innovations comportementales, qu’on peut qualifier d’innovations sociales. Elle permettent bien à ceux qui le veulent de produire du changement.
Le numérique pose d’abord le principe du réseau. L’image est celle des mailles d’une toile ou plutôt d’un filet comme le filet de pêche, de ces filets qui nourrissent ! Les premiers réseaux sont d’abord humains. Ils constituent la trame des réseaux numériques. Ces filets qui relient les hommes dans des lieux où leur intérêt est partagé, leurs objectifs prochent, leur désir de réussite semblable,..
Et la « Toile » -l’Internet- permet de croiser, de confronter, de superposer plusieurs couches de ces filets/réseaux.
On a cru que la machine à voter permettrait de lutter contre l’abstention et d’améliorer la participation des citoyens aux débats politiques mais bien sûr la machine n’a rien fait d’autre que faciliter le travail des agents et fiabiliser le dépouillement (ce qui est beaucoup) mais la participation continue de s’effondrer. Pratiquer la démocratie à l’ère d’internet implique des changements méthodologiques radicaux pour les responsables politiques dans leur façon de gouverner, mais aussi pour les administration dans leur manière de s’adresser aux citoyens et de les impliquer dans la décision, et dans l’action.
Il faut « inventer la démocratiei» comme dit Marcel Gauchet,c’est bien l’ensemble du processus de participation à la vie locale qui fait révolution copernicienne. Les méthodes, les processus sont partagés.
Entre agents, entre agents et élus, et non plus dans la relation aux citoyens (qui étaient déscendante, comme la relation client), mais bien dans la relation des citoyens avec ceux qu’ils ont choisis pour assurer la meilleure gestion locale des besoins essentiels. On passe dans l’ère de la co-construction des idées et de la co-décision des projets, des programmes politiques...
S’ajoutent le principe qu’il n’y a pas d’internet hors sol -avec le besoin de l’existence des réseaux d’humains reliés structurant les réseaux numériques.
Deux préalables méthodologiques s’imposent :
  • Etablir des règles du jeu, du mode d’emploi, de chartes pour faire ensemble... et sans oublier que les nouveaux dispositifs, les nouvelles méthodes, et plus encore les nouveaux outils, ça s’apprend. Il n’y a pas d’innéité des usages que l’on peut faire de l’outil. Il faut effectuer un double effort : celui d’apprendre la technologie et celui de la pratique pour en retirer un bénéfice.
  • Respecter les trois dimensions du temps humain de l’organisation sociale modifiée avec internet : l’instantanéité possible de certains échanges, l’asynchronicité (les gens ne sont pas tous au même rythme) et la mémoire. Et au « trop » de mémoire et non pas trop peu comme certains le pense, il convient d’établir des échelles de valeur pour donner à voir les contenus archivés qui font mémoire.
En parallèle de ce qu’on appelle la « réalité augmentée » -où les outils numériques permettent d’agréger du contenu sur la réalité : de l’information sur les monuments, les affiches, les moyens de transport, on peut se demander en quoi la démocratie peut-être elle aussi « augmentée » par sa dimension numérique... ce que des “dispositifs numériques en réseaux”, de véritables instruments programmés et organisés, à distinguer de simples outils juxtaposés, peuvent aider à relier et à construire.
Voici les trois grands pôles d’évoluation de la société locale augmentée :
1. Les mutations dans l’organisation administrative et politique ;
2. La place centrale réinvestie par le citoyen dans l’ensemble des processus et sa conscience d’avoir en main des moyens d’exercer une gestion locale démocratique ;
3. L’évolution des comportements des responsables politiques, ou comment une politique « augmentée » est mieux reliée aux besoins essentiels.
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