L’influence de la délibération sur les réseaux sociaux, les réseaux sociosémantiques et l’opinion par l’utilisation d’un code de procédure en grand groupe ou d’une méthode alternative de discussion en petits groupes lors d’une expérience en minipublic

   

ROBERT François, L’influence de la délibération sur les réseaux sociaux, les réseaux sociosémantiques et l’opinion par l’utilisation d’un code de procédure en grand groupe ou d’une méthode alternative de discussion en petits groupes lors d’une expérience en minipublic, thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université du Québec à Montréal, 2016

 

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Résumé de la thèse

Cette recherche vise à vérifier l’influence de la délibération sur l’opinion, le réseau social et la similarité des discours entre les personnes. Elle s’applique particulièrement à cerner l’influence de deux grandes catégories de méthodes de délibération : les méthodes conventionnelles articulées autour de l’utilisation de codes de procédure et les méthodes alternatives articulées autour du recours à des techniques d’échange en petits groupes. Différentes mesures de l’opinion et de la centralité sociale et sociosémantique ont été utilisées dans le cadre d’une expérimentation de minipublic délibératif réunissant 95 personnes. Les résultats confirment une influence de la délibération sur l’opinion et sur les relations entre les personnes. La délibération favorise la rencontre des personnes et des discours et accroit la similarité de leur discours. On observe une densification des relations à l’intérieur des groupes selon l’opinion ainsi qu’une polarisation de l’opinion. Ainsi, près de la moitié des participantes et participants ont changé d’opinion à la suite de l’expérimentation. Les mots et expressions utilisés par les personnes apparaissent liés à leur position dans le réseau social. Par ailleurs, les deux catégories conventionnelle et alternative de méthodes de délibération ont des effets spécifiques. La catégorie méthode conventionnelle favorise l’émergence d’un lien positif entre la centralité sociale et la centralité sociosémantique tandis que la catégorie méthode alternative favorise l’émergence d’un lien négatif entre ces mesures. Ainsi, l’utilisation d’une méthode conventionnelle crée un espace favorable à l’émergence de convergences vers les mots et expressions utilisés par les personnes centrales, alors que l’utilisation d’une méthode alternative crée un espace pour l’expression d’un discours aux vocables distincts de celui des personnes centrales.

EN COMPLÉMENT (tiré du chapitre d’analyse)

Figure 1 Modélisation de la validation et précision de l’influence de la délibération en minipublic

La Figure 1 présente une modélisation de l’ensemble des informations que cette thèse a permis de capter en partant de l’hypothèse principale, des résultats des deux stratégies d’analyse (en jaune) et des éléments qui valide (en vert) et précise (en orangé) l’influence de la délibération. En effet, l’influence de la délibération sur l’opinion des personnes participantes est constatée parce que, sur le plan des opinions et des relations sociales, nous notons d’abord un changement de l’opinion qui semble être attribuable à la délibération en minipublic. La valence des réponses quant à l’un des sujets discuté (soit l’augmentation des frais de scolarité) change à la fin du minipublic et ne se modifie pas à nouveau après le minipublic (ce qui dénoterait un effet éphémère ou une tendance générale de l’opinion à l’égard de cette question). De plus, deux groupes formés selon l’opinion sur trois se sont densifiés dans leur relation sociale pendant la délibération. Encore une fois, cela dénote l’influence de la délibération sur les personnes participantes.

Ensuite, nous répondons à notre question de recherche par l’affirmative en établissant cinq points. Premièrement, lorsque nous observons la délibération en minipublic sur le plan des relations sociales et de la similarité des discours, il y a augmentation des relations sociales et des vocables communs pendant la délibération, ce qui dénote que la délibération affecte la structure des relations entre les personnes et la structure sociosémantique.

Deuxièmement, la disparité des vocables entre les jeunes et les plus âgés s’estompe pendant la délibération et après. La délibération permet une mise à niveau de l’ensemble des personnes participantes et ainsi un partage des mêmes vocables sur la question.

Troisièmement, nous remarquons que la structure sociosémantique n’est pas d’emblée la même entre avant et pendant la délibération, mais qu’elle est modérément corrélée après.

Quatrièmement, la structure sociosémantique lors de la méthode alternative est liée avec celle après la délibération. Seules les structures sociosémantiques entre les méthodes conventionnelle et alternative sont liées négativement. Puisque la structure sociosémantique après l’expérimentation est à la fois liée à celle avant et pendant la méthode alternative, nous pouvons donc noter l’influence de cette méthode sur les discours des participantes et participants.

Cinquièmement, les deux dernières réponses positives sont directement liées aux méthodes de délibération. D’un côté, nous remarquons un phénomène de convergence lors de la méthode conventionnelle, où les personnes centrales sont aussi les personnes centrales dans les vocables communs. L’influence de la délibération ici est de permettre la consolidation de quelques discours sur un thème.

D’un autre côté, et à l’inverse (ce sera notre dernière remarque), la méthode alternative permet la divergence des discours, car cette fois ce sont les personnes ayant le moins de vocables communs qui sont au centre du réseau social. Ces personnes connues et reconnues portent des discours qui sont différents de ce qui est généralement entendu (ce qui est convergent, dominant…). L’influence de la délibération permet ici de libérer ces discours pour leur permettre de trouver d’autres chemins convenus.

 

Thèse soutenue à l’Université du Québec à Montréal, Faculté de la communication, le 2 juin 2016, devant le jury suivant

Membres du Jury :

Maurice LÉVESQUE, professeur, Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa

Chantal BENOÎT-BARNÉ, professeure, Département de communication, Université de Montréal

Mireille TREMBLAY, professeure, Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal, présidente du jury

Pierre MONGEAU, professeur, Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal, directeur de thèse

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