Coproduire le nouveau

Journée d’études LATTS au Numa

Coproduire le nouveau
Monde industriel et monde politique face à l’impératif participatif

Qu’est-ce que participer à l’innovation ? Dans quelle mesure les formes sociales de la participation varient selon le contexte, les acteurs et les dispositifs techniques de coopération ? Dans quelle mesure elles se rejoignent, ou encore, renvoient à des enjeux contrastés ?

L’expression de « tournant participatif » est souvent employée pour qualifier le mouvement de transformation des relations entre les institutions et leurs publics depuis les années 1970-1980. Si les transformations de l’action publique et des modes de régulation des controverses sociotechniques ont occupé le devant de la scène (avec l’essor des jurys citoyens, des sondages délibératifs, des consultations et débats publics, etc.), celles qui ont touché l’entreprise, moins médiatisées, n’ont pas été en reste (lois Auroux sur la participation des salariés, institutionnalisation de la responsabilité sociale d’entreprise, association des usagers à la conception, etc.).

Pourtant, ces initiatives ont rarement fait l’objet d’analyses comparées alors que les enjeux et problèmes rencontrés par les dispositifs mis en place présentent de nombreuses similitudes. Ainsi, le constat de l’« instrumentalisation des dispositifs » et de leur « faible impact sur la décision » pointés par Blondiaux dans son bilan des expériences de démocratie participative (Blondiaux, 2008) convient très bien aux récentes plateformes de co-innovation mises en place par de grandes entreprises à la faveur de l’essor de cette forme d’Internet plus interactive consacré par l’expression Web 2.0 (Gayoso, 2015). Comme y incitent Bonneuil et Joly, la participation doit être envisagée comme une « nouvelle forme de gouvernementalité » (Bonneuil & al., 2013), et c’est à la description de ses mécanismes et dispositifs transverses dans les champs politique et industriel que cette journée d’études entend se consacrer.

Pour ce faire, nous avons choisi la focale de l’innovation participative, en adoptant une définition extensive de l’innovation comme processus de production du nouveau non-réductible à la production industrielle d’artefacts ou procédés nouveaux. Dès lors, l’invention d’un nouveau mode de concertation ou encore la rédaction de lois nouvelles peut être considéré comme de l’« innovation politique ». Et un dispositif tel que le projet de loi pour une République numérique [Lequel a fait l’objet d’une co-création avec des citoyens-internautes pendant quatre mois (du 4 octobre 2014 au 4 février 2015) par le biais d’une plateforme numérique (www.republique-numerique.fr).] est emblématique de la forme prise par l’innovation participative dans le champ politique. Au croisement des approches de sciences politiques, de la sociologie des usages, des organisations et des STS, la journée sera organisée selon trois grands axes thématiques qui seront à chaque fois abordés dans une perspective comparative entre mondes industriel et marchand d’une part et mondes politique et citoyen de l’autre : les dispositifs de coproduction, les processus « d’ouverture » et les formats hybrides de collaboration. En liant les questions de la participation, de la collaboration et des technologies, nous espérons faire se rencontrer plusieurs courants de travaux émergents qui, tout en étant voisins, sont souvent séparés par la dynamique de spécialisation des sciences sociales. Pourtant, c’est bien au croisement du « tournant participatif » dans les organisations et de l’essor des NTIC dans les relations aux publics que ces trois axes prennent leur sens commun.

Contact des organisateurs :

Emile Gayoso (chercheur associé, LATTS), e.r.gayoso@gmail.com, 07-82-30-73-26,

Dilara Trupia (doctorante, Latts), dilaratrupia@gmail.com, 06-18-63-54-23