Citoyennetés ordinaires

 

 

 

Citoyennetés ordinaires
Pour une approche renouvelée des pratiques citoyennes

Marion Carrel et Catherine Neveu (sous la direction de)

Éditions Karthala

328 p.

26 €

 

 

Présentation

Crise de la citoyenneté ou cécité des observateurs devant les transformations de la citoyenneté ? Ce livre explore l’hypothèse d’un renouvellement et d’une pluralité des formes de citoyenneté, y compris dans des formes qui peinent à se faire reconnaître comme telles, tant elles se heurtent aux présupposés de la figure habermassienne. Les chapitres de ce livre explorent en effet des situations où les dimensions de l’interconnaissance, de l’émotion, de l’appartenance communautaire ou territoriale, du trouble et du conflit comptent fortement dans l’engagement citoyen. Comme le rappelle J. Ion en postface, la politique ne se joue pas seulement dans les urnes, la citoyenneté n’est pas seulement affaire de droit, elle peut avoir plusieurs visages et emprunter des chemins de traverse. Cet ouvrage s’inscrit alors dans le champ d’une anthropologie politique soucieuse de multiplier les espaces, lieux et formes à travers lesquels les transformations contemporaines de la citoyenneté peuvent se saisir et être analysés.

Ce livre montre qu’analyser la citoyenneté ordinaire, ancrée dans le quotidien des individus et collectifs, n’implique pas de s’enfermer dans le micro-local ou le populisme. Au contraire, le chercheur « délocalise » l’enquête lorsqu’il repère dans les actes et les discours ce qui emprunte à l’histoire, aux représentations et à l’imaginaire sur le vivre ensemble, l’égalité ou les discriminations, tout autant qu’aux lois, institutions et politiques publiques. Au contraire, il est attentif aux tensions, échecs, difficultés dans l’organisation et l’exposition de problèmes, dans la critique, l’interpellation ou la négociation avec les pouvoirs publics.

La référence à l’ordinarité est un moyen d’inclure dans l’analyse ce qui n’a généralement pas accès à la visibilité, que ce soit pour les politiques ou pour les chercheur-es, ces « signaux faibles de citoyenneté» que les contributions de cet ouvrage nous proposent d’explorer, tels que la résistance à leur éviction par les Roms du quartier de Sulukule à Istanbul, les contre-projets oscillant entre radicalité et ordinarité à Montréal, Barcelone ou Toulouse, les signalements de sans-abri au 115 saisis ici dans la pluralité de leurs motifs, les collectifs anti-démolition à Argenteuil, Marseille ou Poissy-La Coudraie, les déclinaisons et réactions aux tarifs de la restauration scolaire, l’expérience de la citoyenneté dans le scoutisme laïc, les projets de co-développement « ici et là-bas » par des migrants maliens ou encore la « petite politique » pratiquée par un collectif d’habitants à la Duchère.

Sommaire

Marion Carrel et Catherine Neveu, « Introduction : Pour un renouvellement des recherches sur la citoyenneté »

Groupe de Recherche Action (GRAC), « Pragmatique des contre-politiques de la ville : alliances, équipements collectifs et milieux de vie »

Gülçin Erdi Lelandais, « Espace, citoyenneté et pratiques de résistances. Enquête à Sulukule et Hasankeyf en Turquie »

Alexandra Bidet, Erwan Le Méner, « Les signalements de sans-abri au 115. Appel politisé, voisinage troublé et geste citoyen »

Laetitia Overney, « Par-delà "la participation des habitants" : pour une ethnographie de la petite politique »

Agnès Deboulet, « Renouer avec le politique et la citoyenneté urbaine ? Les résidents des grands ensembles dans la
rénovation »

Maxime Vanhoenacker, « Suivre la trace de la citoyenneté dans le scoutisme laïque des éclés »

Patrick Gonin, Nathalie Kotlok, « Projets de codéveloppement et citoyenneté des migrants »

Françoise Navarre, « La tarification de la restauration scolaire : des déclinaisons variables de la « citoyenneté » et de la
solidarité locale »

Postface de Jacques Ion