Appel à communications « Les conceptualisations concurrentes de la conflictualité en démocratie »

Appel à communications

« Les conceptualisations concurrentes de la conflictualité en démocratie »

GT Théorie politique - Congrès de l’Association belge de science politique

Liège, 31/01-02/02/2024

Dans le langage commun, le vivre-ensemble désigne le modus vivendi d’une communauté démocratique apaisée. Il évoque une façon pour les citoyen.ne.s de se rapporter les un.e.s aux autres qui engendre la concorde et la réconciliation, la solidarité et la cohésion. Le terme est souvent mobilisé pour conjurer le spectre de la violence qui hante toute conflictualité politique et qui risque de mener à une division irréversible de la communauté politique sous l’effet de forces centrifuges diverses.

Refusant d’avoir à choisir entre irénisme et catastrophisme, nombre de travaux récents en théorie politique s’attachent plutôt à souligner la fonction cruciale remplie par le conflit en démocratie. Le conflit est tantôt le garant du maintien du pluralisme (comme chez Robert Dahl mais aussi Hannah Arendt), tantôt le procédé qui nous immunise contre la tentation totalitaire (Claude Lefort). Il peut se limiter à une concurrence régulée entre élites (Joseph Schumpeter) ou être le levier d’une réaffirmation turbulente de l’égalité (Jacques Rancière et Etienne Balibar). Il peut offrir un moyen de canaliser passions et émotions publics (Chantal Mouffe) ou être l’aiguillon d’une délibération publique ordonnée suivant les principes de la raison (Jürgen Habermas). Par-delà la diversité de leur qualification du conflit démocratique, ces auteurs et autrices s’accordent pour y voir la dynamique centrale de la démocratie.

L’ambition de ce panel est d’interroger cette association étroite entre conflictualité et démocratie. Qu’est-ce qui distingue un conflit démocratique d’un autre qui ne le serait pas ? Peut-on imaginer une démocratie sans conflits ? Est-il possible d’établir une typologie des différents types de conflits démocratiques ? Dissensus, sécession, insurrection, désobéissance civile, trollage, (ant-)agonisme, émeute, lutte des classes, zones à défendre, grèves, guerre culturelle, cortège de tête, identity politics : quelles pratiques contestataires outrepassent ou réinventent l’expression de la conflictualité en démocratie ? Et quels sont les acteurs et les lieux où s’expérimentent de nouvelles formes de conflictualité démocratique : partis, syndicats, mouvements sociaux, réseaux sociaux, … ?

Axes thématiques :

  • Histoire des conceptualisations du conflit en démocratie : analyse et réinterprétation des textes qui ont façonné notre compréhension contemporaine de la conflictualité démocratique, reconstruction de la généalogie du concept de conflit dans la théorie démocratique.
  • Typologie de la conflictualité démocratique : examen des critères de distinction entre différentes modalités d’expression du conflit démocratique, définition des limites de la conflictualité démocratique.
  • Pratiques contestataires et conflictualité démocratique : Réflexion sur l’évolution de la conflictualité démocratique sous l’effet des nouvelles pratiques contestataires.
  • Valeur du conflit : réflexion sur l’importance de la conflictualité politique et sur la valeur d’utopies pacifiées comme la société sans classes. 

Ce panel vise à favoriser un échange entre politologues, qu’ils soient spécialistes de théorie politique ou pas, qui s’intéressent à l’association entre pratiques conflictuelles (ou contestataires) et régime démocratique.

Les propositions de communication (un titre un résumé d’une demi-page maximum) sont à envoyer à martin.deleixhe@ulb.be pour le 27 octobre.