41-Transition et spatialités

Transition et spatialités

1) Laboratoire : UMR Passages

UMR 5319 CNRS, U. Bordeaux, U. Bordeaux Montaigne, U. Pau & Pays Adour, ENSAP Bordeaux

2) Projets en cours : (liste non exhaustive)

DéCiSiF - Les enjeux locaux de la transition : Décideurs et Citoyens dans un contexte urbain de Signaux Faibles. L’exemple de l’agglomération paloise. Coord. C. Bouisset. ADEME.

DéCiSiF cherche à mieux connaître et infléchir les pratiques et les représentations de décideurs et surtout de citoyens « ordinaires » que le cadre de vie, les caractéristiques socioculturelles ou les pratiques spatiales mettent peu aux prises avec des effets directs et tangibles des problèmes environnementaux, notamment du changement climatique.

L’ambition du projet est de s’attaquer à deux enjeux étroitement imbriqués : le verrou social de l’appropriation de la transition écologique et le verrou organisationnel que sont la transversalité et l’intégration des politiques publiques.

Nous nous intéressons en particulier à la question de l’attachement aux lieux, des pratiques associées à ces lieux, à leur gestion, à leur agencement, aux jeux d’échelles et aux changements qui les affectent. Il s’agit de se demander, à l’échelle du territoire, si la mise en mouvement des pratiques et des représentations peut passer par la réappropriation de l’environnement local et si certains lieux (jardins, espaces publics…), investis de sens et de pratiques par les individus peuvent être utilisés pour cristalliser le passage à l’action.

Micro-fermes et transition agroécologique. Coord M. Banzo. Fondation de France.

Le terme « micro-ferme » apparaît très récemment en France. Dans une acception courante, il fait référence à une exploitation maraîchère de très petite taille. Les micro-fermes se caractérisent par des dimensions inférieures aux standards et des pratiques considérées comme marginales au sein de la profession agricole. Elles s’inspirent de pratiques innovantes (le maraîchage bio-intensif, permaculturel, etc.) et diversifiées (combinaison de productions, multifonctionnalité). Elles sont conduites par des agriculteurs de différentes origines, parmi lesquels les professionnels en reconversion sont particulièrement représentés. Elles sont en accord avec une sensibilisation croissante des citoyens aux conditions de production et aux questions environnementales. Toutefois leur connaissance demeure limitée.

Dans ce contexte, le programme de recherche-action MicroAgri vise à développer la connaissance et la reconnaissance des micro-fermes en Gironde. Le programme se structure autour d’un Comité de Pilotage constitué d’agriculteurs, entrepreneurs, chargés de mission, enseignants-chercheurs, citoyens.

EVITE - EValuation et généralisatIon du disposiTif d’expérimentation citoyenne Familles Eau défi. Coord. S. Gombert-Courvoisier

Ce projet vise à prolonger et à analyser une expérimentation de participation citoyenne sur la problématique des micropolluants en cours sur la Métropole Bordelaise et intitulée « Familles Eau défi ». Trois questions clés sont identifiées :

  • La généralisation du changement de pratiques vers la population générale;
  • La pérennisation dans le temps du changement de pratiques des participants et l’impact de l’expérimentation sur leur investissement dans d’autres initiatives;
  • Les types d’indicateurs permettant d’évaluer l’expérimentation : essaimage des initiatives ? Amélioration du bienêtre des participants ? Réduction des micro-polluants? Etc.

Le projet fait l’objet d’une proposition détaillée transmise par S. Gombert-Courvoisier.

3) Questionnement général :

Le programme scientifique du laboratoire Passages créé en 2016 par fusion des UMR ADES et SET, met l’accent sur les reconfigurations des spatialités et les changements globaux en référence notamment aux différents processus qui ont trait à l’empreinte de l’humanité sur la planète : changement climatique, crise de la biodiversité, augmentation de la population et des pressions sur les ressources. L’hypothèse qui préside à ce premier programme de recherches est que les reconfigurations des spatialités doivent être lues en analysant les transformations induites par l’irruption de la globalité dans la modernité.

Appréhender l’espace par les spatialités, c’est se placer du côté des acteurs géographiques et des constructions par lesquelles ils mettent en forme le monde (le pratiquent, le pensent, etc.). Construites par les acteurs, les spatialités sont intrinsèquement dynamiques : elles se dessinent et se redessinent en permanence. Mais, dans le contexte contemporain de crises et d’incertitudes, elles se transforment assez radicalement.

La notion de transition, assortie de toute une série d’épithètes (écologique, technologique, énergétique, alimentaire, urbaine, etc.) prend acte du fait que les logiques qui fondent le présent doivent être profondément transformées pour aller vers un futur autre – dont la définition fait évidemment débat. Elle permet le pilotage par le politique, la projection dans le futur. En tant que telle, la notion de transition – dans les diagnostics du présent, les états futurs imaginés et les moyens de les atteindre – implique forcément des projets politiques différenciés selon les acteurs concernés.

Notre objectif est double :

  • Au plan épistémologique, il s’agit de qualifier différents types de transitions et les différents scénarios qui les portent par une approche à la fois critique et compréhensive, mettant particulièrement l’accent sur les temporalités dans lesquelles sont pensées les transitions, les échelles auxquelles elles renvoient, les milieux auxquels elles s’appliquent et les projets de sociétés qu’elles impliquent.

  • Il s’agit également de réfléchir à la généralisation de la transition écologique : les attitudes face aux transitions, entre résistances, adaptations, acceptation ou innovations, sont ainsi interrogées. Nous cherchons en particulier à analyser à l’échelle locale les freins et leviers aux changements de pratiques et à la diffusion des innovations : pourquoi un projet, une pratique se développent-ils ici et pas ailleurs ? Quelles sont les conditions (géographiques, institutionnelles, culturelles…) nécessaires à l’essaimage de ces innovations ? Ces questions supposent de s’intéresser aux pratiques des individus, aux usages (des technologies par exemple) mais aussi aux rationalités, aux imaginaires et aux valeurs.

Une attention particulière est donc portée au rôle du local : l’hypothèse que nous défendons est que les enjeux des transitions, les leviers d’action et les conséquences sont nécessairement situés. En termes scientifiques, cela fait quelques années déjà que le local apparaît comme un levier essentiel d’action mais le local reste mal défini : il s’agit le plus souvent d’une échelle d’action, qui ne prend pas en compte la diversité des spatialités, des rapports aux lieux des habitants ou encore des relations entre citoyens et institutions.

4) Terrains et méthodologie :

Le Laboratoire Passages, rattaché à la section 39 du CNRS, mobilise les méthodes classiques de collecte et de traitement de données en SHS (enquêtes, observation, etc.) Les terrains analysés, souvent situés en Nouvelle Aquitaine, sont divers : espaces ruraux et montagnards, espaces urbains, périurbains, etc. Des membres de l’équipe travaillent également sur des terrains non européens (Amérique Latine, Himalaya par exemple).