21-DÉFIS

Note d’intention du collectif de coopération DEFIS

Questionnements de recherche acteurs/chercheurs

La loi sur l’Economie sociale et solidaire, définit les Pôles Territoriaux de Coopération Economique (PTCE) comme des dynamiques de coopération multi-acteurs ayant pour finalité le développement durable local. Ces dynamiques, souvent structurées en SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif),regroupent notamment des collectivités locales, des entreprises et des structures de l’Economie Sociale et Solidaire qui ont chacune leurs propres adhérents, salariés, bénévoles, volontaires et publics. Les PTCE regroupent donc des acteurs de la société qui expérimentent des solutions de coopération, qui participent à la co-construction et à la co-production des politiques publiques sur leur territoire dans une finalité de transition écologique, énergétique et solidaire. Mais dans quelle mesure et à quelles conditions peuvent-ils être considérés comme des expérimentations démocratiques pour la transition ? Comment les manières de travailler des acteurs locaux et les formes organisationnelles qui se déploient au niveau local peuvent-elles favoriser la participation citoyenne à la transition et accélérer ainsi les transformations des comportements tant individuels qu’organisationnels ?

DEFIS s’inscrit dans une démarche de développement durable au sens large c’est-à-dire intégrant la justice sociale comme l’une des dimensions et reconnaissant l’innovation sociale comme un outil de la transition écologique et énergétique.

Pour le collectif DEFIS, la coopération entre chercheurs et acteurs s’organisent autour de deux PTCE (TETRIS à Grasse et IDESOL porté par la MES en pays de Bray).

Pour le collectif DEFIS, la problématique est donc de mieux comprendre le fonctionnement d’organisations collectives génératives d’innovations sociales pour la TEE et la reproduction/traduction de ce fonctionnement sur d’autres territoires. En effet, l’analyse des modes d’organisation collective, économiques et sociales, et de leur impact sur les comportements et postures individuels (y compris des élus et techniciens des collectivités) et organisationnels est aujourd’hui un enjeu pour accompagner les changements systémiques recherchés. Dans ce contexte, le local devient alors une échelle d’intervention à réinvestir pour mettre en œuvre un développement qui pour être durable doit inclure une dimension de justice sociale : l’innovation sociale apparaît alors comme une dynamique collective instituante qui permet d’explorer, de stabiliser et de diffuser des solutions démocratiques pour la TEE (Klein, 2014).

L’étude comparative de la trajectoire de ces dynamiques collectives mais aussi des projets expérimentaux qu’elles génèrent vise également à questionner leur portée démocratique et à s’interroger sur les communs enchâssés qu’elles peuvent faire émerger.

Travaux de recherche entrepris et envisagés sur le thème

1) - Depuis sa création en 2007, l’Institut Godin accompagne la Maison d’Economie Solidaire puis le PTCE IDESOL (porté par la MES) au travers d’une première recherche sur les pratiques solidaires puis sur l’innovation sociale qui a permis de qualifier les pratiques de la MES comme étant une démarche d’innovation sociale socio-territoriale et qui a débouché sur la création d’outils : capteurs et marqueurs d’innovation sociale.

Ces recherches et outils ont été transférés par apprentissage vers Evaléco (Pays de Grasse) qui y a apporté son propre travail de recherche (depuis 2008) sur les pratiques effectives de développement durable. En effet, Evaléco a développé à partir des travaux d’Amartya Sen sur l’approche par les capabilités du développement durable, une méthodologie d’accompagnement et de génération d’activités, participative et non normative. Cette méthodologie est utilisée pour accompagner des établissements scolaires dans leur démarche globale de développement durable mais également pour l’idéation et la co-construction d’expérimentations citoyennes et d’activités socio-économiques dont TETRIS.

TETRIS utilise donc ces recherches et outils. Beaucoup plus axé sur l’éducation populaire et la transition écologique que la MES, l’expérimentation de TETRIS permet de les enrichir de réflexion sur la participation, l’engagement citoyen et les capabilités.

2)- Geneviève Fontaine, doctorante à l’UPEM et salariés de l’Institut Godin réalise une thèse sur les communs de capabilité comme outil d’analyse des PTCE au regard de leur finalité de développement local durable en s’appuyant notamment sur TETRIS et IDESOL.

3)- La rencontre avec le GREDEG a permis d’élargir ce champ de recherche, centré sur les dynamiques multi-structures ayant pour finalité le développement local durable, à la prise en compte des motivations et comportements individuels. L’objectif de DEFIS est d’approfondir la compréhension de ces dynamiques multi-acteurs et de leurs effets pour la TEE en analysant les motivations, formes d’engagement, de participation et d’action des individus qui y participent, contribuent et bénéficient ; mais aussi les effets de ces dynamiques sur les représentations et comportements individuels (en interne et sur le territoire de leurs interventions).

Nous sommes au démarrage de ce programme qui repose pour l’instant sur la motivation des quatre partenaires ne disposant  pas encore  de financements spécifiques.

DEFIS propose une analyse multi-niveaux(individuel, organisationnel, territorial) faisant appel à deux approches théoriques complémentaires et reposant sur l’analyse comparée et dynamique des deux terrains.

• Comme tout changement institutionnel, la transition écologique économique (TEE) s’incarne dans des pratiques qui font face à des verrous et des résistances à l’échelle individuelle (habitudes), organisationnelle mais aussi institutionnelle. Un changement durable des comportements passe aussi par une transformation collective. D’où la question : comment les manières d’agir et de travailler des acteurs locaux et les formes organisationnelles qui se déploient au niveau local peuvent-elles favoriser les transformations des représentations et comportements individuels dans le sens de la TEE ?
• L’approche institutionnaliste de l’innovation sociale constituera la deuxième entrée de notre projet. L’innovation sociale impulse de nouvelles pratiques qui devraient se diffuser auprès des acteurs et individus ayant participé au projet via des processus complexes d’apprentissage (Mendell, 2007), d’appropriation et de territorialisation (Fontan, 2008).

Liens avec la programme de recherche Cit’in

- DEFIS considère les pratiques individuelles comme faisant partie d’un système dont la modification nécessite une approche multi-niveau pour aboutir aux objectifs de la TEE. Notre réflexion porte non seulement sur l’émergence de pratiques pionnières (les démarches coopératives multi-acteurs de type PTCE, les expérimentations citoyennes) et leur diffusion mais aussi sur leur impact sur l’évolution globale des pratiques actuelles du plus grand nombre. DEFIS se positionne aussi sur le croisement et les échanges entre deux terrains sur lesquels des dynamiques coopératives territoriales multi-partenariales pour la TEE sont engagées et auxquelles des collectivités locales participent, ce qui facilitera l’élaboration des préconisations à destination des pouvoirs publics.

- Le cadre théorique retenu nous permet d’appréhender les différents niveaux d’analyse (Geels, 2011). Néanmoins le cadre de Geels mobilise une approche multi-niveau sur des secteurs ou pratiques séparées (énergie ou transport). Le caractère innovant de notre projet consistera donc à renouveler cette analyse dans une approche systémique de la TEE en y incluant l’innovation sociale socio-territoriale c’est-à-dire les dimensions participatives et « inclusives » encore absentes de la démarche de Geels (2014).

- Notre collectif de coopération a déjà accumulé une expérience dans la production de travaux de recherche avec des dynamiques collectives d’économie solidaire recherchant la démocratisation de l’économie et impliquées dans la TEE.

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