10-Un Fab-lab mobile pour habiter la transition

Un Fab-lab mobile pour habiter la transition
Recherche d’intervention participante

Identité de l’équipe

Intitulée “Un Fab-lab mobile pour habiter la transition”, la dynamique de ce projet “d’intervention participante” repose sur la collaboration entre :

  • Quatre chercheurs1 du réseau “Approches critiques du développement durable” (ACDD)2 qui depuis 2012 s’intéresse de manière critique au développement et à la ville durables. Après un colloque sur ces questions, ce réseau a animé un séminaire-atelier sur le rôle du développement durable dans les démarches d’acceptabilité sociale3 (2012-2016) et anime actuellement l’atelier “Habiter la transition. Des pratiques existantes aux politiques de ‘transition’ : circulations et ambiguïtés4 (2016-2018).
  • La SCIC SARL Cité PHARES, installée sur L’île-Saint-Denis depuis 2001, qui regroupe plus d’une quinzaine de structures de l’économie sociale et solidaire (associations, entreprises, entrepreneurs). Elle a pour objectif de développer des réponses innovantes et coordonnées sur le territoire en termes de développement local, d’insertion professionnelle et d’amélioration de l’environnement pour les habitants.
  • L’association Métro’pop !5 qui souhaite faire évoluer les représentations associées aux quartiers populaires de la banlieue parisienne. Son action se déploie sur un axe “Imaginaires” pour transformer des images négatives associées aux quartiers populaires de banlieue parisienne, et un axe “Citoyenneté” pour renforcer le pouvoir d’agir des habitants et les associer aux décisions qui impactent leurs modes de vie. Elle a de ce fait développé un savoir-faire participatif auprès de citoyens et acteurs publics.

Projets en rapport avec la transition écologique dans lesquels l’équipe est déjà engagée

  • Le réseau Approches Critiques du Développement Durable anime aujourd’hui son deuxième atelier (2016-18) intitulé “Habiter la « transition ». Des pratiques existantes aux politiques de transition : circulations et ambiguïtés”. Les six journées qui ont déjà eu lieu et les suivantes vont nourrir la recherche d’intervention participante que nous proposons dans le cadre du programme Cit-in. Une journée de cet atelier pourrait être consacrée aux dispositifs relevant d’approches de recherche-action abordant les problématiques de transition.
  • La SCIC SARL Cité PHARES anime et coordonne un pôle territorial de coopération économique dont les thématiques centrales sont l’écologie urbaine et la solidarité à travers le prisme de l’insertion notamment. Partenaire reconnu des collectivités territoriales et de leurs groupements en Seine-Saint-Denis, la SCIC Cité PHARES permet l’émergence de nouveaux dispositifs innovants portés par des acteurs locaux et répondant à des problématiques sociales et environnementales préalablement identifiées, qualifiées, et territorialisées. Ce travail s’est notamment illustré par la création récente d’une société dénommée Les Alchimistes dont la mission vise à collecter, composter et valoriser localement les biodéchets dans des volumes quasi industriels et en créant de nouveaux métiers accessibles à bas niveau de qualification mais néanmoins valorisants.
  • L’association Métropop’ ! appuie son expérience sur des ateliers participatifs (Ateliers numériques métropolitains) en direction des publics les plus éloignés de l’action publique. Elle a mené un atelier numérique métropolitain avec des ouvriers en espace vert en situation d’insertion (Chantiers de l’association Halage) sur la question du logement d’urgence et elle mène actuellement un atelier similaire avec des ouvriers en mécanique vélo à la maison du vélo de St Denis (93), chantier d’insertion d’Etudes et chantiers Idf, sur la question des mobilités douces baptisées « des mobilités pour tous dans le Grand Paris ». Elle prépare un atelier numérique métropolitain sur le quartier des 4 chemins à Aubervilliers-Pantin avec des jeunes sur la question du développement local et de l’innovation sociale et environnementale dans ce quartier en rénovation urbaine.

Problématique de la proposition (question(s) de recherche)

Contrairement à la logique des “verrous” techniques ou comportementaux, qui empêcheraient l’accès aux « bonnes pratiques », celle poursuivie ici s’inscrit dans une approche compréhensive qui ne caractérise plus les pratiques existantes par leurs manques, mais au contraire par leur pertinence situationnelle et leur capacité à produire des solutions originales(au sens de situées) aux problèmes de durabilité qui se posent en situation, il faut donc créer des scénarios favorisant cette production originale de solutions.

Un des enjeux importants de la transition énergétique se trouvant dans les chantiers de rénovation (compte tenu du patrimoine concerné), nous avons considéré qu’il fallait partir des expériences des publics et des acteurs au moment de ces opérations de rénovation pour réinterroger les procédures utilisées par un bailleur, afin d’améliorer les performances thermiques d’un bâtiment de son parc,  ou celles d’un organisme de formation des apprentis artisans souhaitant amener ses élèves à devenir ultérieurement des professionnels RGE.

“Le sujet de l’accompagnement des habitants soulève surtout le problème de la coopération entre les professionnels eux-mêmes. Tout se passe comme si chacun était en interaction avec un morceau d’habitant” (Brisepierre, 2015). Il faut donc un dispositif de recherche-action moins centré exclusivement sur l’habitant, mais qui considère que chaque relation de la chaîne peut produire de la durabilité ou de la transition.

Problème : ces relations sont asymétriques, ce qui freine les possibilités de produire des solutions originales de transition et conduit plutôt à reproduire ces rapports asymétriques et leurs « solutions » descendantes.

Hypothèse : favoriser une redéfinition-réappropriation et si possible, une production originale des solutions individuelles et collectives tout au long de la chaine décisionnelle est susceptible de favoriser la durabilité de ces solutions.

Méthodologie et terrain d’enquête

 Dispositif proposé in situ, en trois étapes :

  • Compréhension : enquête sur les pratiques familières des publics en situation asymétrique défavorable (ex. : habitants, ouvrier en démarche d’insertion, etc.) et sur les processus de production de ces relations asymétriques (et repérage en parallèle des situations familières les moins asymétriques) ;

  • Scénarisation : définition d’une situation familière pour le public exposé aux asymétries, qui permette de les réduire, et soit susceptible de favoriser la création de démarches originales de transition :

    • “le magasin de bricolage durable” (réduire les asymétries de positions entre les habitants d’une part et les bailleurs, les entreprises et les fabricants d’autre part) ;
    • “la rencontre des experts de terrain” (réduire les asymétries de positions entre les salariés en démarche d’insertion d’une part, et leurs encadrants associatifs, les chefs d’entreprise ou leurs représentants et les clients d’autre part) ;
    • “la pratique HQE d’utilité sociale” (réduire les asymétries de positions entre artisans, les architectes, les promoteurs, les aménageurs, le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, le ministère du logement et de l’habitat durable, le PUCA ou encore le CSTB).
  • Expérimentation : Le scénario imaginé est mis en œuvre sous forme expérimentale, de manière intégrée ou alternative au dispositif prévu. Les dispositifs d’intelligence collective doivent amener progressivement à la mise en œuvre d’un jeu de rôle qui amenuise au moins en partie les asymétries par le biais d’un déplacement du format habituel de construction des solutions et la position des acteurs, afin de favoriser une redéfinition-réappropriation et si possible, une production originale des solutions. Chacune de ces expérimentations doit, autant que possible, mettre en jeu du “faire” susceptible, dans des mises en situations et par des ajustements successifs et réciproques, d’une part de surmonter la violence symbolique du “dire” et d’autre part, de produire des solutions de transition originales et situées.

Type de résultat escompté

Cette  recherche-action constitue le premier pôle d’un futur espace contributif visant à changer les manières de faire et d’habiter la ville. Les deux autres pôles à venir, non pris en compte directement dans cette recherche-action, sont un “pôle ressources, réseaux et accompagnement pour les habitants et les professionnels” et un “lieu de formation et de sensibilisation aux enjeux et nouveaux métiers de l’écologie”.

Le double principe d’inclusion de tous les acteurs de la chaîne et de déplacement des rôles devraient apporter un certain nombre d’enseignements en termes d’expérimentations démocratiques pour la transition écologique et énergétique. Les synergies potentielles entre théories comportementales et technologies seront resituées dans une approche qui tient compte des asymétries existant entre les acteurs de cette “chaîne de durabilité” qui reste à construire à la lumière des pratiques citoyennes.

L’offre d’activités économiques pour habiter durablement, sur laquelle devra déboucher le projet “Fab-lab mobile pour habiter la transition”, sera donc affinée ou repensée grâce ces expérimentations in situ, inscrivant les pratiques des habitants parmi celles des autres acteurs.

Le “Fab-lab mobile pour habiter la transition” et l’espace “Tiers-lieu de l’habitat durable” sont en recherche active de partenaires. Certaines ont abouti, d’autres sont en cours.

  • 1Jérôme Boissonade, Dominique Theile, Elisabeth Peyroux et Sophie Nemoz
  • 2https://www.reseaucritiquesdeveloppementdurable.fr/
  • 3https://www.reseaucritiquesdeveloppementdurable.fr/atelier-developpement-durable-acceptabilite-sociale/
  • 4https://www.reseaucritiquesdeveloppementdurable.fr/habiter-la-transition-des-pratiques-existantes-aux-politiques-de-transition-allerretours-et-ambiguites/
  • 5http://metropop.org/