[Séminaire] La démocratie Internet

 

Séminaire du Groupe de Recherche Environnement, Technique, Société (GRETS)

Unité de Recherche d'Electricité de France Recherche et Développement     Mardi 11 janvier 2010 de 9h30 à 12h30 Maison Suger, 16 - 18 rue Suger - Paris 6ème     Conférencier invité : Dominique Cardon Sociologue au Laboratoire SENSE d’Orange Labs   Discutant : Gérald Gaglio Maître de conférences en Sociologie à l’Université de Technologie de Troyes (UTT)  

La démocratie Internet

Internet n’est pas un média comme les autres. Beaucoup voudraient pourtant l’inscrire dans une chronologie commencée avec la presse et poursuivie avec la radio et la télévision. Internet serait en quelque sorte l’aboutissement naturel de l’évolution des médias de masse, puisqu’il parvient à associer le texte, le son et l’image dans le format numérique du multimédia. Cette conception de l’histoire des supports d’information est d’un grand confort intellectuel. Elle transporte paresseusement vers Internet des modèles qui ont été forgés dans le monde des médias traditionnels : une pratique du contrôle éditorial, une économie de la rareté et une conception passive du public. Il suffirait de dompter ce jeune média indocile et rebelle pour que se perpétuent les modèles économique, culturel et politique qui se sont établis tout au long du XXème siècle pour donner forme à notre espace public. Pourtant, beaucoup l’ont appris à leurs dépens, le web ne se laisse pas apprivoiser facilement. Il pose des défis inédits aux producteurs d’information, aux détenteurs de droit de propriété intellectuelle, aux politiques de communication des entreprises, des institutions ou des partis. Il invente des formes inédites de partage du savoir, de mobilisation collective et d’auto-organisation. Il ne redistribue pas la valeur aux producteurs de contenus traditionnels, mais à de nouveaux acteurs capables d’organiser les flux du trafic des internautes. Bref, il refuse de se laisser enfermer dans la conception traditionnelle que nous nous sommes faite des médias de masse. Dominique Cardon se propose de caractériser les spécificités des transformations de l’espace public consécutives au développement des usages de l’internet. En déplaçant de l’ex ante vers l’ex post la sélection des propos méritant d’accéder à la publicité, internet élargit l’espace public de deux manières : en augmentant le nombre de locuteurs à une population d’amateurs et en aspirant dans l’espace public les conversations des internautes. Le web a libéré la parole en contestant l’autorité de ceux qui bénéficiaient jusqu’alors du monopole d’accès à l’espace public – journalistes, hommes politiques et experts. On peut tirer trois enseignements de cette nouvelle dynamique concernant respectivement à la définition des publics (la présupposition d’égalité), la diversité des expressions (la libération des subjectivités) et la porosité entre la conversation ordinaire et la discussion publique (le public par le bas).  

 

L'entrée des séminaires est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

 

  

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