Résumé des communications du Colloque 2015

Résumés des communications au Colloque

Chercheur.e.s et acteur.e.s de la participation :
Liaisons dangereuses et relations fructueuses

Université Paris 8 – Saint-Denis, 29-30 janvier 2015

 

Premier jour : Jeudi 29 janvier

Séance plénière introductive

Président de séance : Loïc Blondiaux (CESSP, Paris I)

Mot de bienvenue : Bertrand Guillarme (directeur adjoint du département de science politique de Paris 8)

 

Marion Carrel (Cems et Ceries-Université Lille 3) et Catherine Neveu (Tram-IIAC, EHESS) : « Un état des questionnements sur les relations entre chercheur.es et acteur.es de la participation »

Ce colloque s’inscrit dans la poursuite des activités menées par le Gis Démocratie et Participation depuis sa création, ainsi que dans celle des débats sur la participation. Avec la tenue du premier Congrès du Gis en 2011, l’organisation de trois éditions des Journées doctorales (2009, 2011, 2013), ses nombreuses autres activités avaient jusqu’à présent surtout été tournées vers le monde académique ; à cette deuxième étape d’existence du Gis, il nous est apparu nécessaire, et c’était aussi le souhait des partenaires « non-académiques » du Gis, de réfléchir plus avant sur les relations entre différents types d’acteurs et sur les effets de leurs coopérations de plus en plus nombreuses (qu’elles soient imposées, recherchées, négociées…) dans la compréhension des processus participatifs. Bref, le format même de ce Gis associant des partenaires appartenant au monde de la recherche et à celui des « acteurs » nous obligeait à prendre ces questions à bras le corps.

 

Alice Mazeaud (Cejep, Univ. La Rochelle) et Magali Nonjon (Cherpa, Univ. Avignon), « Les “thèses” sur la participation. De la cartographie de la recherche à l’analyse des relations chercheurs et acteurs »

L’un des objectifs du Gis Démocratie et Participation est d’animer la recherche doctorale sur la participation. Conformément à cet objectif, 3 sessions de journées doctorales (JD) ont été organisées en 2009, 2011 et 2013. Quels enseignements peut-on tirer de l’organisation de ces manifestations ? Quelles sont les caractéristiques disciplinaires, les thématiques des recherches doctorales présentées aux JD du Gis ? Dans quelle mesure l’espace des JD est-il parvenu à concentrer l’essentiel des doctorants ayant aujourd’hui investis de manière indirecte ou plus centrale les enjeux de participation dans nos sociétés contemporaines. L’espace des JD est-il représentatif des recherches doctorales menées sur la participation dans l’espace académique français ? Cette note de synthèse présente quelques éléments de réponse à ces questions et cherche à cerner les contours de ce que certains dénomment les « sciences de la participation » en analysant un corpus de données constitué par les auteurs, combinant d’une part l’ensemble des communications présentées aux JD du GIS et d’autre part les thèses spécialisées sur la participation recensées depuis 1981 dans le moteur de recherche thèse.fr.

 

Aline Guérin, Bertrand Paris (Institut de la concertation), « Croiser les regards des praticiens et des chercheurs », présentation du rôle de discutant-praticien

 

Atelier 1 : Conflits et compromis dans la relation entre acteurs et chercheurs

  • Président de séance : Patrice Duran (Ens Cachan)
  • Discutants : Agnès Deboulet (CRH-LAVUE, Paris 8)
  • Mehdi Hazgui (sociologue-consultant, Bègles)

 

Arnaud Bilande (Periferia), Cynthia Dal (USL-B) et Christine Schaut (USL-B et ULB) « Le groupe “Quartier Durable” : un travail à plusieurs voi(es)x »

Cet article raconte l’histoire de la vie d’un groupe de travail consacré aux quartiers durables en milieu urbain et plus précisément au quartier Tivoli en Région de Bruxelles-Capitale. En dehors de tout cadre contractuel, ce groupe est né de la rencontre entre des chercheures et une association urbaine, par ailleurs engagée par le maître d’œuvre du quartier pour impulser et animer la participation citoyenne. Si la plupart des activités de ce groupe, des séminaires, des visites de terrain, l’organisation de journées d’études inter-acteurs, peuvent être considérées comme des réussites collaboratives, des tensions sont apparues entre acteurs et chercheurs lorsqu’il s’est agi de discuter des conditions de réalisation de la participation et d’écrire à leurs propos. Ce texte s’intéresse principalement à ces tensions, non par masochisme ou par cynisme, mais parce que leur analyse révèle les difficultés de la collaboration tout en permettant de mettre au jour leurs conditions de dépassement.

 

Élodie Férezin (Certop-Écorce, Toulouse 3), « La participation citoyenne comme vecteur d’aménagement du territoire ? analyse comparée de trois dispositifs participatifs »

Depuis 2001, la ville d’Agen s’est dotée d’instances participatives à l’échelle du quartier. Une vision du territoire initiée lors d’un premier mandat municipal par la gauche qui s’est étoffée, dès 2008 par l’arrivée d’une équipe de centre-droit à la tête de la mairie. De 5 comités de quartier, la municipalité a instauré 23 conseils de quartiers avec des règles de fonctionnement plus précises, une articulation conseil de quartier - administration municipale davantage codifiée et des moyens financiers conséquents. Les conseils de quartier, en tant qu’association loi 1901, deviennent alors, pour les élus et les services municipaux, des parties prenantes incontournables dès lors qu’il s’agit de mettre en discussion l’intérêt général du quartier. L’objectif de cet article consiste dans un premier temps à décrire et à analyser, à travers trois exemples, comment s’est construite la participation des habitants dans le cadre de projets différents d’aménagements du territoire. Par la suite, il s’agira d’identifier la manière dont le conseil de quartier dans ses rapports aux habitants contribue à la mise en place d’une dynamique civique autonome.

 

Simona Mattia et Benjamin Tremblay (Centre Max Weber, Lyon 2), « La SCOP, l’institution, et la culture comme compromis(sion) »

Que se passe-t-il, lorsqu’une institution municipale en appelle à l’expertise « participative » d’une Scop d’éducation populaire pour redéfinir à la fois sa politique culturelle, ses méthodes de médiation et sa gestion interne de la prise de décision ? Notre contribution vise à restituer le parcours d’une collaboration entre deux structures qui, quoiqu’étant mues par la même volonté (et par le même impératif) de faire participation, n’en partagent ni la définition, ni les enjeux. Pour l’une, le participatif doit conduire à une réforme des méthodes ordinaires du milieu culturel ; pour l’autre, il doit conduire à un renouveau global de l’ordre politique. A partir d’une résidence scientifique commune dans un Centre consacré aux questions mémorielles, nous aimerions restituer les clivages et les affinités entre deux démarches qui s’emploient à explorer ensemble ce que « participer » veut dire.

 

Christophe Perrey (InVS), « Etude anthropologique de la concertation associée aux études épidémiologiques à l'InVS : l’exemple du site de stockage de déchets nucléaires de l'Aube »

Dans le cadre de ses interventions visant à évaluer l’impact sanitaire de sites potentiellement à risque pour la santé, le département santé environnement de l’InVS (DSE) met en place des dispositifs de concertation mobilisant différentes parties prenantes (riverains/association, agence de l’état, décideurs, industriels, élus). Il a été demandé à l’anthropologue d’analyser de manière rétrospective les relations entre ces acteurs dans le cadre de l’enquête de mortalité et d’incidence par cancer développée autour du centre de stockage de déchets radioactifs de faible et moyenne activité de l’Aube à Soulaines.

À partir de cet exemple, l’objectif de ce travail est d’analyser les effets de la posture d’anthropologue travaillant pour une agence sanitaire sur le savoir produit. La méthode employée est celle d’une analyse réflexive de pratique.

L’appartenance à l’InVS a facilité l’accès au terrain même si elle a également suscité de la méfiance chez certains acteurs. Les propos ont été partiellement conditionnés par des attentes à l’égard de l’institution. Ils ont été cependant explicites  tant au niveau de la critique du dispositif  (communication défaillante avec longue période de silence et mauvaises conditions de restitution des résultats) que de la reconnaissance de ses points forts (création d’un véritable espace d’échanges avec questionnement et expression de désaccords).
Même s’il existe une porosité entre les postures de chercheurs académiques et de praticiens/consultants travaillant dans le champ de la participation, l’anthropologue travaillant à l’InVS occupe une position intermédiaire. Il développe des études finalisées avec formulation de préconisations tout en les resituant dans un espace de débats théoriques.

 

David Smadja (EEP, Univ Paris-Est-MLV), « Acteur et observateur de la participation éthique à l’hôpital : les usages contrastés du "regard extérieur"»

Cette communication vise à rendre compte de façon critique d’une collaboration construite, en tant que chercheur en science politique, avec les acteurs de la participation au sein d’un groupe de réflexion éthique à l’Hôpital. Occupant à la fois le rôle d’acteur de la participation, en répondant à une demande d’encadrement de la discussion, et le rôle d’observateur engagé dans une observation participante, le politiste se trouve en situation sensible. Tout d’abord,  il doit privilégier l’immersion alors que les membres du groupe l’invitent à jouer le rôle du regard extérieur et du candide. Puis, son extériorité une fois assumée le conduit tantôt à en rallier les médecins contre tous les autres par l’utilisation de ses compétences argumentatives, tantôt à mettre au jour des ressorts cachés du groupe de réflexion éthique en révélant des conduites de résistances infra-verbales (Scott, 1998).

 

Atelier 2 : Frontières militantisme-recherche (du point de vue des chercheurs)

  • Présidente de séance : Marion Carrel (CeRIES Lille 3, CEMS-EHESS)
  • Discutants : Mathieu Brugidou (Grets-EDF et Pacte, Grenoble)
  •                    Sofia Aliamet (webmestre/rédactrice Eclectic Experience)

 

Alexandre Dugré et Dominique Morin (Univ. Laval, Québec), « Les origines sociologiques de l’association de la participation citoyenne à l’expertise scientifique dans les projets d’aménagement au Québec »

Nous proposons une genèse intellectuelle de la valorisation de la participation citoyenne au Bureau d’aménagement de l’est du Québec (BAEQ) autour du sociologue Gérald Fortin. C’est en effet à la suite de l’expérience du BAEQ que l’idéal de l’aménagement avec la participation citoyenne a été diffusé au Québec bien au-delà du cercle des sociologues et a commencé à être intégré dans des institutions. Nous montrons comment les positions de Fortin s’inscrivent dans une filiation de sociologues de l’Université Laval qui ont remis en question l’autorité exclusive des experts et des décideurs dans la définition de la manière dont les communautés devraient participer au développement. Le Père Georges-Henri Lévesque fonda d’abord l’École des sciences sociales de l’Université Laval pour former des intellectuels inspirés de la doctrine catholique, mais ayant le courage de porter un regard laïc plus vaste, profond et haut sur la situation du Québec dans le dessein de restaurer l’unité spirituelle des Canadiens français autour d’un nouvel idéal réaliste pour l’action. À la suite de ses études supérieures à l’Université de Chicago, Jean-Charles Falardeau enseigna dans cette École de Laval une sociologie positiviste préconisant des études systématiques des communautés transformées par l’industrialisation et l’urbanisation pour mieux concevoir comment réformer leurs institutions en tenant compte de l’évolution des structures sociales, des modes de vie et des esprits. Son élève Gérald Fortin a quant à lui valoriser par une sociologie positive, critique et engagée la participation des chercheurs et des populations concernées à des pratiques de l’aménagement plus rationnelles et démocratiques.

 

Fabrice Flipo et Federico Tarragoni (LSCP, Paris 7), « Quand le peuple se mêle de la nature : remarques critiques sur la notion de “populisme climatique” »

La notion de « populisme climatique », utilisée par Stéphane Foucart pour décrier la posture démagogique et illusionniste des « sceptiques » dans les sciences du climat (Claude Allègre et Vincent Courtillot), hérite les mêmes défauts que son illustre ancêtre, le « populisme politique ». Notion servant à disqualifier en désignant, elle s’avère extrêmement normative : derrière la qualification de « populisme climatique », aussi louables soient les intentions de départ de l’utilisateur, gît une certaine vision du « peuple » à informer et à rendre protagoniste de la décision politique en matière de climat ; en d’autres termes, une certaine vision des rapports entre science et politique C’est cette vision que souhaite cerner cet article, en se fondant sur une double critique, sociologique et philosophique, de la notion de « populisme climatique ».

 

Fatimata Ly-Fall (Cedem, Sénégal, et Gspr, Ehess), « Des enjeux de l’éducation à l'informatique et aux medias dans une démocratie. Cas d’un programme participatif impliquant une chercheure en action »

L’analyse du système d’action de la participation met en lumière une complexité des relations entre acteurs et chercheurs. En effet, la frontière entre le travail de l’acteur et celui du chercheur, analyseur d’un fait, ou d’une situation donnée n’est pas souvent étanche. Se pose dès lors la question du double rôle du chercheur lorsqu’il est lui-même un acteur central dans ce système.
Cette contribution entre dans le cadre de cette dualité considérée comme contradictoire du fait du rapport à la réalité dans l’action qui est plutôt enchanteur tandis que celui observé dans la recherche requiert une neutralité axiologique, gage d’une description objective de cette même réalité.
Il s’agit d’une réflexion menée suite à la conception et la mise en oeuvre d’un programme participatif dans le village urbain de Ouakam, au Sénégal, intitulée « Des enjeux de l’éducation à l’information et aux médias dans une démocratie » que j’ai initié dans le cadre des activités du centre de recherche- action que je dirige.

 

Virginie Milliot (Lesc, Paris X), « Avec les biffins ? Engagements ethnographiques en cascades »

Ce texte raconte l’histoire d’une recherche impliquée sur le terrain des marchés de la pauvreté et de la lutte des biffins parisiens.  Dans la spirale de l’enquête, j’ai été amenée à nouer divers registres d’engagement que je m’efforce ici de clarifier. Je propose ainsi de distinguer une première phase d’implication dialectique et une seconde marquée par l’engagement. J’ai d’abord été saisie par des évènements qui m’ont d’une certaine manière engagée, puis j’ai fait le choix d’orienter mes actions vers un objectif commun avec les biffins. L’implication ethnographique m’a embarquée vers le choix d’un engagement. Je restitue ainsi les différentes places que j’ai pu occuper, ainsi que les différents rôles attribués ou revendiqués par les chercheurs que j’ai pu croiser au cours de cette enquête. Car la question posée au fil de ce témoignage est celle du rôle du chercheur et des connaissances qu’il produit dans la polyphonie conflictuelle du monde urbain contemporain. La troisième phase sur laquelle s’ouvre le texte est celle de l’explosion d’un collectif, d’une démobilisation mais aussi d’une reprise. Le sens de la recherche se renégocie ainsi jusqu’au terme de l’enquête, au fils de situations problématiques avec une diversité d’acteurs engagés.

 

Céline Véniat (Cems, Ehess), « Pour une ethnographie engagée : Enquêter sur l’accès aux droits des habitants des bidonvilles »

À partir d’une enquête ethnographique portant sur l’accès aux droits des habitants des bidonvilles, cet article vise à montrer l’apport de la posture de participant à une ethnographie de l’accès aux droits. S’engager comme médiateur bénévole dans une association qui vient en aide aux habitants des bidonvilles permet d’expérimenter en situation le parcours d’accès aux droits et les différentes contraintes qu’il comporte. Le choix de mobiliser l’ethnographie pour décrire l’accès aux droits des habitants des bidonvilles nécessite de s’engager dans une relation cognitive et affective avec ses enquêtés, d’être présent avec son corps et de prêter attention aux interactions sur une durée longue. La volonté de partir de l’expérience des familles roumaines vivant en bidonvilles et de celle des associations qui les soutiennent afin de mettre en place des dispositifs pour faciliter leur accès au droit commun et formuler des propositions à destination des acteurs engagés sur cette question s’inscrit dans une approche pragmatiste attribuant à l’enquête une visée pratique. L’ethnographie engagée telle que je la définis ici préconise ainsi une circulation entre savoir scientifique et expérience militante, concevant l’engagement à la fois comme une implication physique et sensible du chercheur dans l’activité observée et également comme la visée politique de produire un savoir mobilisable dans le but d’améliorer la situation des enquêtés.

 

Atelier 3 : Des savoirs nouveaux, des relations de pouvoir transformées ? (1)

  • Président de séance : Jean-Michel Fourniau (Dest, Ifsttar)
  • Discutantes : Sezin Topçu (CEMS, EHESS)
  • Gaëlle Massé (coordinatrice SRPM, St-Sauveur-en-Puisaye)

 

Nicolas Benvegnu (Medialab, Science Po), « Qu’est-ce que réaliser une expérience en science sociale ? Le travail du sociologue à l’aune de la performation des publics de la participation »

 

Vincent Jacquet et Min Reuchamps (UCL, Louvain), « Les “méthodologues” du G1000 et du G100 : entre activisme citoyen et recherche scientifique »

L’objectif de cette contribution est d’offrir un retour critique de deux chercheurs en science politique engagés au coeur de deux expériences de démocratie délibérative organisées en Belgique : le G1000 et le G100. La première est née en 2011 au niveau national et a rassemblé plus de 700 personnes dans un contexte de crise politique due à l’absence de gouvernement fédéral. La seconde est inspirée de la première, mais organisée à l’échelle locale dans la commune de Grez-Doiceau et a rassemblé 50 participants. Dans les deux dispositifs, les auteurs de cette contribution ont fait partie de l’équipe organisatrice. Après une brève description de ceux-ci, nous mettons en évidence des éléments de tension entre cette posture de chercheur et celle d’acteur. D’abord, nous montrons que l’influence plus importante des politistes dans le premier cas a fortement orienté le design du G1000 dans une optique délibérative. Ensuite, nous montrons que les chercheurs en science politique sont vus comme de véritables ingénieurs par les initiateurs de dispositif participatif et que leur présence est utilisée comme argument de légitimation vis-à-vis de l’extérieur. Enfin, nous analysons la particularité de la posture des chercheurs par rapport aux consultants.

 

Clément Mabi et David Prothais (Costech, Univ. Compiègne), « Les chercheurs « embarqués » dans les procédures de démocratie électronique. Comment construire une posture de recherche-action ? »

Dans le domaine de la démocratie participative de nombreux chercheurs en SHS sont investis dans la mise en place des dispositifs participatifs, notamment pour être le garant de leur bon déroulement. Leur positionnement est donc complexe et pose de nombreuses questions, notamment sur le plan épistémologique : le chercheur est à l’origine de la mise en place des procédures, dont il garanti le fonctionnement tout en ayant pour mission principale de l’observer. Si cette circulation des pratiques est courante, elle est assez peu explicitée par les chercheurs, qui ne sont pas encore parvenus à formuler clairement les enjeux axiologiques et épistémologiques qu’elle induit. Dans cette optique notre contribution souhaite contribuer à ce mouvement et susciter un débat sur le sujet au sein de la communauté. Nous souhaitons aller au-delà de la question méthodologique de l’engagement du chercheur sur le terrain, déjà bien travaillée par la recherche en SHS pour se replacer dans le débat sur la posture du chercheur et son rapport au terrain.

 

Héloïse Nez (Citeres, Univ. Tours), « Pour une sociologie publique de la participation. Apports du point de vue de la recherche »

 

Atelier 4 : Altérité et commun en tension

  • Président de séance : Rémi Barbier (Gestion territoriale de l'eau et de l'environnement, ENGEES)
  • Discutants : Catherine Neveu (TRAM-IIAC, EHESS)
  • Alain Renk (Architecte, Collectif 7 Milliards d’Urbanistes, start-up UFO)

 

Patrick d’Aquino et Camille Richebourg (Green, Cirad), « Participation : le paradoxe d’un dialogue à l’Autre »

Quelle que soit son acceptation, la participation vise un dialogue entre différents mondes (experts/profanes, entre disciplines scientifiques, entre acteurs locaux…), mais à partir d’un format de dialogue issu d’un seul de ces mondes, celui du concepteur de la démarche. Cette communication aborde les conséquences méthodologiques et théoriques d’une telle altérité, en montrant que la participation véhicule des opinions propres sur le sens à donner au dialogue et sur la démarche pour y parvenir. Ce constat n’est cependant pas considéré comme une preuve de l’inutilité de la participation. La communication souligne ainsi l’intérêt de réussir à mobiliser des cadres autres de connaissance, de laisser émerger d’autres formes de légitimation de la connaissance, et d’apprendre à traiter d’autres formes de dialogue que par un consensus qui appauvrit la diversité des points de vue et des connaissances. Autrement dit, apprendre à accepter différentes façons de percevoir, analyser, et s’entendre.

 

Fabienne Barataud et Florence Hellec (Sad-Aster), Alix Levain (SenS), Sandrine Petit (Cesear), Dominique Trévisan (Caartel) (équipe du projet Inra Agepeau), « Nager en eaux troubles. Retour sur la place de la recherche dans des territoires traitant des rapports entre agriculture et qualité de l'eau »

Nous revenons de manière réflexive sur notre implication de chercheurs dans quatre territoires d’étude (l’impluvium de Vittel-Contrex et l’aire d’alimentation de captage de la commune de Harol - Vosges-, le lac de la Sorme -Saône-et-Loire- et la baie de Douarnenez - Finistère-) dans le cadre du projet de recherche, l’agriculture à l’épreuve des politiques de l’eau. Un « besoin de science » s’exprime dans les instances de gestion de l’eau et rapproche ces quatre territoires. Mais il se décline de manière variée : l’expertise spécialisée, une demande de participation à l’expertise et à l’action collectives, l’analyse rétrospective avec plus ou moins de distance aux acteurs, avec un intérêt et parfois des interrogations/réserves/doutes envers l’investigation en sciences sociales. Celle-ci reste souvent à la marge des autres expertises produites. Les sciences n’ont pas la même autorité, de même que les savoirs des cabinets d’expertise et des usagers de l’espace et des agriculteurs n’ont pas la même légitimité aux yeux des gestionnaires de l’eau. Ceux-ci attendent des expertises qu’elles lèvent des incertitudes, mais les recherches conduites ont aussi apporté de nouvelles questions. C’est un inconfort que le chercheur vit, mais dans le même temps le partenariat avec les acteurs de l’eau lui permet d’accéder à des données inédites. L’implication des chercheurs dans des situations de gestion n’a probablement pas conduit à modifier les rapports de force locaux, ceux-ci s’étant simplement déplacés ou exprimés différemment.

 

Nadine Souchard (Collège coopératif de Bretagne) et Yves Bonny (Eso, Univ. Rennes 2), « La recherche-action coopérative, une voie contributive aux productions de la société civile ? »

Ce texte présente les orientations de recherche impliquée que nous avons développées comme sociologues dans le cadre de différents projets de recherche récents. Il questionne en premier lieu les choix d’objets d’étude, de problématiques de recherche et de terrains d’enquête des chercheurs en matière de démocratie participative au regard des lieux de construction de la participation citoyenne qui se mettent en place en dehors des dispositifs participatifs institutionnalisés. Il présente ensuite les formes de recherche-action coopérative que nous avons élaborées avec les collectifs d’acteurs auxquels nous nous associons, autour d’un double principe d’égalité des positions et de différenciation des contributions, ainsi que nos orientations et explorations quant à nos registres spécifiques de contributions. Nous concluons ce texte en explicitant la signification que nous donnons au positionnement de sociologie impliquée et indiquons en quoi celui-ci appelle à nos yeux un questionnement épistémologique renouvelé.

 

Véronique Van Tilbeurgh (Eso, Univ. Rennes 2), « Les expertises environnementales dans le débat participatif : une hybridation asymétrique »

Depuis plusieurs décennies maintenant, de nombreuses régulations devant modifier l’impact des activités humaines sur l’environnement naturel sont négociées entre les acteurs publics et privés. Dans les débats créés par ces négociations, les acteurs mobilisent différentes expertises qu’elles soient scientifique ou produite par des professionnels ou des usagers. L’objectif de cette communication est d’analyser la façon par laquelle ces différentes formes d’expertise s’hybrident entre elles dans les accords. L’hypothèse est que cette hybridation reste conduite par le cadre cognitif des négociations qui oriente les possibilités de l’accord construisant des asymétries entre les expertises.

Ce travail repose sur l’observation de deux dispositifs de négociation, l’un concernant la création d’une aire protégée et l’autre devant élaborer des programmes de lutte contre une prolifération algale, en Bretagne. Les négociations observées ont montré que leur cadre cognitif accorde un rôle privilégié aux expertises scientifiques (proximité entre les textes juridiques et les connaissances scientifiques et connaissances scientifiques plus performatives dans un débat). L’hybridation avec les autres expertises est effectuée par leur traduction dans des notions compatibles avec les connaissances scientifiques. Toutefois, la supervision scientifique peut être contournée en sortant du cadre de la négociation.

 

Atelier 5 : Entre recherche et action, figures hybrides et passages de frontières

  • Présidente de séance : Corinne Larrue (École d'urbanisme de Paris, Univ. Paris-Est)
  • Discutantes : Marion Carrel (CeRIES Lille 3 et CEMS-EHESS)
  • Melinda More (Consultante développement durable, Toulouse)

 

Christine Audoux (Lise, Cnam), « Les identités doubles d’acteur-chercheur : quelle chance pour des recherches mises au défi de l’altérité ? »

 

Hélène Balazard (Cerema), « L'alliance entre chercheurs et community organizations : entre enquête et stratégie de publicisation et mobilisation »

Cette communication revient sur une collaboration entre chercheurs et militants dans le cas d’une campagne menée par une community organization. Elle se conclut sur l’exemple d’un type de collaboration plus formalisé entre le milieu syndical et des laboratoires de recherches : celui la « recherche stratégique ciblée ».

 

Aurélie Cardona (Écodéveloppement, Inra Avignon), « La “recherche participative” en agriculture sur les transitions agroécologiques : ambitions, pratiques et tensions »

 

Louise Dangy (équipe ACSPAVE de l’ENSV / Laboratoire Triangle, Lyon), « Analyser et faire l’action publique. Quand le fonctionnaire se glisse dans la peau du chercheur, une schizophrénie salutaire ? »

Nous proposons de discuter la méthodologie de notre enquête doctorale, qui retrace le conflit du bœuf aux hormones dans les institutions internationales. Depuis l’adoption, en 1981, d’une directive interdisant l’utilisation d’hormones de croissance, l’Europe et les États-Unis s’affrontent au sein du Codex alimentarius (qui établit des normes internationales)et de l’OMC sur les différents aspects liés aux hormones dans l’élevage. Combinant approche socio-historique et ethnographie, notre travail vise à établir dans quelle mesure l’affaire du « bœuf aux hormones » a façonné les institutions sanitaires mondiales, afin de comprendre comment les différentes parties prenantes conçoivent ces dernières. Vétérinaire fonctionnaire, nous adoptons aux fins de cette enquête une approche ethnographique vis-à-vis de matériaux variés (archives, entretiens, observations) ; nous contournons les difficultés d’accès à ce terrain en confrontant différentes sources et en prenant des responsabilités au sein de ces institutions. Ce positionnement original, qui facilite la réalisation de l’enquête – pourtant menée à découvert -, n’est pas sans conséquences sur son épistémologie ou ses conclusions, ce qui conduit à interroger la portée de nos résultats. Nous estimons que, si les partis pris qui découlent d’une ethnographie totale des institutions internationales réalisée par ses praticiens doivent être assumés, les résultats originaux qu’elle produit sont indispensables à leur exploration.

 

Atelier 6 : Consultant.e et chercheur.e, une posture intenable ?

 

Guy-El-Karim Berthomé (AgroParisTech, Clermont), « Mind the gap : Entre les grandes entreprises d’aménagement du territoire et leurs publics non contractuels »

Comment les personnels des grandes entreprises d’aménagement du territoire entrent en discussion avec des publics territoriaux ? Si les protocoles empruntés par les entreprises pour mener ces concertations sont difficilement traçables, ils s’affirment en tous cas comme différents d’une firme à l’autre : modèle traditionnel reporté, ou protocole précisément conçu pour la concertation. Les firmes se distinguent les unes des autres à ce sujet, leurs personnels en interne aussi, et les mondes de l’entreprise et de la recherche également. En effet, d’après un point de vue répandu parmi les chercheurs, les protocoles suivis par les entreprises devraient naturellement buter sur le caractère imprédictible et incommensurable de ces processus. Derrière la mise en œuvre, se pose donc ici la question de la stratégie de concertation des firmes, et de son efficience.

Pour aller au-delà de contributions standards comme celle de Crilly, Zollo et Hansen (2012, Academy of Management Journal), il semble nécessaire de mener une étude longitudinale pour éclairer les ressorts de ces actions. L’idée de travailler en partenariat assez étroit avec des entreprises s’impose, de façon à pouvoir mettre en dialogue les différentes communautés, et revenir sur la fragmentation et le manque de partage de clés de lecture.

 

Jean-Marc Dziedzicki (Connect, Essec) et Étienne Ballan (Arenes), « Portée et limites des hybridations entre recherche et pratique : opérationnaliser les sciences sociales pour faire progresser un maître d’ouvrage »

 

Arthur Jobert et Mathieu Brugidou (Grets, EDF), « Produire un “sens commun” sur la concertation - Retour sur une participation au processus de rédaction d’un avis du CESE »

Cette communication propose de revenir sur notre participation, en tant qu’experts associés, à la rédaction d’un avis du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) sur « Concertation entre parties prenantes et développement économique ». Nous nous interrogeons sur les résultats d’un processus d’un avis à travers la notion de « sens commun ». Celle-ci permet de souligner que les énoncés sont « communs » parce qu’ils résultent d’un dispositif institutionnel qui privilégie constamment  le consensus entre les membres de la « société civile organisée » représentée au CESE. Dans un deuxième sens, ces énoncés sont « communs » parce qu’ils constitueraient  l’expression d’une forme de consensus sur la concertation. Cette double proposition passe par une description en trois temps du processus de production d’un avis. Dans une première partie, nous présentons le contexte institutionnel et politique de production de l’avis. Dans une deuxième partie nous décrivons plus précisément le processus d’écriture collective et le rôle joué par les sciences sociales « embarquées » dans ce processus. Dans une troisième partie, nous essayons de rendre compte du travail de négociation sur les énoncés. On insiste ici notamment sur le rôle joué par des procédés propres à la littérature managériale dans cette élaboration de convergences mais aussi de prise en compte des clivages dans le texte.  Enfin en conclusion, nous revenons sur la nature ambivalente au plan politique d’énoncés de « sens commun » issus d’un tel processus.

 

Guillaume Petit (CESSP, Paris I) et Judith Ferrando (Missions publiques), « Les usages de la réflexivité dans l’entreprise participative. Enjeux pratiques, théoriques et marchands »

Nous interrogeons, en tant que « praticien-chercheur », les notions de réflexivité et de praticien réflexif dans le domaine de la démocratie participative. Nous dénombrons différentes conduites des chercheurs et praticiens dans le champ de la participation, selon des niveaux de réflexivité dans l’action et la production de savoir. Les usages de la réflexivité peuvent en ce sens être différemment catégorisés, selon les acteurs qui les portent et les contextes où ils se déploient. Ces usages recouvrent des enjeux pratiques, théoriques, marchands et identitaires. Notre propos se concentre sur des espaces particuliers du champ de la participation, où se retrouvent des figures d’intermédiaires, de marginaux sécants, d’agents de circulation, mobilisés ici comme un miroir grossissant, et donc en partie déformant, des relations entre pratiques professionnelles et pratiques scientifiques dans le domaine de la démocratie participative. A partir de nos observations dans le domaine professionnel, nous relevons comment les capacités réflexives revendiquées et mobilisées par des praticiens débordent aussi vers des formes de gages de scientificité, d’adaptabilité et d’extériorité, qui ont tant des vertus de monstration que de démonstration. Une tension se joue alors entre une réflexivité narcissique qui vise sa propre justification et une réflexivité analytique, voire normative, qui vise à la prise en charge des impensés de la participation dans la pratique et la mise en question de l’impact démocratique.

 

Deuxième jour : Vendredi 30 janvier

Table ronde : Des demandes des acteur.e.s au travail avec des chercheur.e.s

Discussion animée par Catherine Neveu (TRAM-IIAC), avec Marie-Hélène Bacqué (Lavue, Paris X), Judith Ferrando (Missions publiques), Mohamed Mechmache (AC-LeFeu), Frédéric Moreau (délégué fédéral, Fédération des centres sociaux et socioculturels de Vendée) et Guillaume Coti (Directeur du Centre social et culturel J2P-Paris 19e)

 

Atelier 7 : Des savoirs nouveaux, des relations de pouvoir transformées ? (2)

  • Présidente de séance : Sandrine Rui (Centre Émile Durkheim, Bordeaux
  • Discutants : Mathieu Berger (CriDis, Université catholique de Louvain
  •                    Hélène Bourgeois (Architecte démarche participative, Lyon)

 

Cécile Barnaud (Dynafor, Inra), Patrick D’Aquino (Green, Cirad), William’s Daré (Green, Cirad), Christine Fourage (Eso-carta, UCA), Raphaël Mathevet (Cefe, Montpellier), « Dispositifs participatifs et asymétries de pouvoir : expliciter et interroger les positionnements »

Si de nombreux auteurs dénoncent le manque de prise en compte des asymétries de pouvoir entre les acteurs dans les démarches participatives, plus rares sont ceux qui abordent la question du comment, à savoir comment prendre en compte ces asymétries de pouvoir dans la mise en œuvre d’une démarche participative ? Cette question implique pour les concepteurs de démarches participatives (chercheurs ou praticiens) de réfléchir à leur positionnement vis-à-vis de ces asymétries, et donc d’interroger un certain nombre de présupposés théoriques voire idéologiques, souvent inconscients et rarement formulés. Revendiquent-ils une certaine neutralité, une absence de parti pris, au risque de participer à une simple reproduction voire à un renforcement des asymétries de pouvoir initiales? Revendiquent-ils au contraire une non-neutralité, en choisissant de renforcer la voix des acteurs ou des points de vue les moins influents, au risque de voir questionnée leur légitimité à intervenir ainsi sur les rapports de force au sein d’une société? Dans cette communication, nous présentons un outil que nous avons développé, un test destiné à faire expliciter aux concepteurs de processus participatifs leur positionnement vis-à-vis des asymétries de pouvoir. Nous l’avons soumis à une cinquantaine de chercheurs et praticiens de la participation. L’analyse des résultats nous a permis de mettre en évidence cinq grands types de positionnements adoptés par les concepteurs de processus participatifs, dont la cohérence interne renvoie à différentes façons de concevoir la légitimité de leur intervention.

 

Frédérique Chlous (MNHN), « Démarche participative : co-construction, négociation, hybridation ? Ateliers cartographiques dans l’archipel des Marquises »

Concernant la gestion des patrimoines naturels et culturels, de nombreux outils favorisant les démarches participatives ont été développés, qu’il s’agisse de théâtre participatif, de cartographie participative, de SIG participatif, de jeux de rôles et de modélisation d’accompagnement. Ces démarches s’ancrent dans une approche systémique et sont le plus souvent interdisciplinaires et intersectorielles.La mise en œuvre de recherches intersectorielles centrées sur la participation des publics interroge la place du chercheur, les relations qui se nouent entre les partenaires, les effets des dispositifs techniques utilisés et les bénéfices escomptés. Cette réflexion s’appuie sur le projet de recherche PALIMMA (Haatumu no te tai henua) qui porte sur la co-construction des enjeux de protection et de gestion relatifs au patrimoine culturel lié à la mer dans la perspective de l’inscription au patrimoine mondial et de la création d’une aire marine gérée aux Marquises (Polynésie française). Trois aspects seront plus particulièrement examinés. Le premier concerne la construction intersectorielle de la méthode participative. Le second point concerne les données produites et plus particulièrement celles considérés comme utiles par les uns et les autres. Dans la dernière partie, nous souhaitons discuter la forme « hybride » de démarche, ainsi que la place et l’incidence des outils techniques mobilisés.

 

Aurélie Couture (Pave, Ensa Bordeaux), « Réaliser une recherche en immersion : retour d’expérience d’une doctorante actrice de la participation »

Recherche et action touchant au domaine de la participation publique sont de plus en plus imbriquées : d’un côté, nombre de praticiens prennent part à des programmes de recherche, enquêtes ou publications qui alimentent la production scientifique ; de l’autre, les chercheurs sont fréquemment associés aux exercices participatifs en tant que grands témoins, évaluateurs ou garants, confortant les processus ou pointant leurs dysfonctionnements. S’il est attendu que ces derniers soient objectifs et impartiaux, leur posture au sein du processus et vis-à-vis de l’objet observé est à interroger. Comment porter un regard distancié sur un processus dont on est soi-même acteur ? Comment rester indépendant et objectif tout en étant investi dans une forme de prestation de service ? Ces questions seront ici abordées par l’analyse d’une expérience singulière : celle d’une doctorante coiffée d’une double casquette, à la fois chercheuse en position d’observation participante au sein d’une intercommunalité et chargée de mission impliquée dans l’action. De cette posture hybride découle un certain nombre de questions méthodologiques et d’éléments d’analyse qui seront exposés ici.

 

Marie-Ève Desroches et Catherine Trudelle (UQAM, Montréal), « Les recherches féministes, une façon de transformer le rapports à la recherche »

Les approches méthodologiques féministes préconisent les méthodes permettant de rejeter la séparation entre chercheuses et les observé.e.s, de cette façon la recherche ne se fait pas sur, mais bien avec et pour les femmes. Dans le cadre de notre recherche, nous avons opté pour une démarche interactive afin d’étudier une mobilisation urbaine menée par des femmes du Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal (CÉAF). L’observation participante a été le principal mode de collecte de données employé pour mener cette étude portant sur l’élargissement du droit à la ville des femmes (Fenster, 2005). Dans cette communication, nous réalisons un retour critique d’expérience portant sur les logiques de collaboration et des rapports de pouvoir. Nous aborderons quelques éléments caractéristiques des méthodologies féministes pour ensuite exposer  deux enjeux éthiques qui nous ont animés tout au long de notre processus de recherche soit l’acte de parler pour les autres (Alcoff, 1992Bilge, 2013)et la position insider ou outsider des chercheur.e.s (Dwyer et Buckle, 2009). Bien que cette méthodologie comporte plusieurs risques notamment liés à l’influence induite par la présence de la chercheuse dans les activités observées, cette approche a eu de nombreux bénéfices pour l’accomplissement de notre recherche, pour l’évolution de l’organisation partenaire et pour l’avancement général des connaissances.

 

Atelier 8 : Expériences de collaboration

  • Président de séance : Luc Picot (Décider ensemble)
  • Discutantes : Alice Mazeaud (CEJEP, Université de La Rochelle)
  •                      Sofia Aliamet (Webmestre CPDP, Marseille)

 

Ludivine Damay (USL-B) et Florence Delmotte (FNRS, Bruxelles), « Observer et participer à la fabrique de la ville à Bruxelles. Heurs et malheurs des détours par l’engagement »

Notre article propose un retour réflexif sur quatre expériences d’observation « impliquée » de différents dispositifs participatifs en matière d’urbanisme et de développement urbain à Bruxelles. Ces expériences ont pour point commun d’avoir rassemblé certains d’acteurs : des chercheurs, des acteurs associatifs, des politiques, des administratifs, des urbanistes, etc. Le retour réflexif porte plus précisément sur les relations entretenues entre les chercheurs impliqués dans et par ces expériences et les autres acteurs, notamment les « militants » associatifs et les « professionnels » de la participation. À l’aide d’une théorisation rétrospective s’appuyant sur les travaux de Norbert Elias, nous réfléchissons d’une part aux configurations mouvantes que forment les acteurs et d’autre part à la dialectique entre l’engagement et la distanciation que dessinent nos expériences. Il nous semble en effet que le « détour par l’engagement », le dépassement de la posture type du chercheur, traditionnellement plus extérieure à l’objet, a pu contribuer à mieux comprendre les réalités de la participation à Bruxelles. Nous tentons également de définir, à travers nos quatre cas, les éléments qui contribuent à ce que l’engagement du chercheur dans l’action et ces partenariats entre chercheurs et acteurs puissent être, selon différentes perspectives, positivement évalués ou non.

 

Caroline Darroux et Clémence Emprin (labex ITEM, Univ. Grenoble), « Situation de co-construction, identités et risque d’asymétrie : retour sur un dispositif de collaboration de recherche »

Cette contribution revient sur une collaboration en cours, entre un collectif de recherche pluridisciplinaire (Labex « innovation et territoires de montagne ») et des professionnels agissant au sein d’institutions territoriales (Parc régional du Morvan, EPCC de Bibracte), autour d’un espace labellisé Grand Site de France au sein du Parc du Morvan. Comment nous, chercheurs, pouvons-nous travailler de manière participative à l’échelle d’un territoire sur le sujet de la participation ? Nous décrivons et analysons une étape centrale du processus collaboratif, l’organisation d’une journée de travail en mai 2014. Prenant au sérieux le risque de hiérarchisation des rapports au sein du collectif, notre démarche s’attache : aux questions des identités et des intérêts des participants, à l’organisation des échanges et à la co-construction du sens donné à cette rencontre. Cette co-analyse s’élabore par de multiples allers-retours, par le biais d’entretiens, avec les participants. Elle met en évidence l’importance de la collaboration comme moyen d’une prise de recul par rapport à l’activité quotidienne de chaque professionnel. Par ailleurs, les échanges se sont focalisés sur le rôle du parc naturel régional du Morvan et son rapport à ses publics. La rencontre est alors l’occasion de travailler le sens du « saccage » de la maison du parc par les agriculteurs mais aussi de pointer les difficultés de la généricité de la participation des « habitants ». Finalement, l’engagement des différents professionnels s’ancre dans une conception commune celle de savoirs façonnés par ou pour l’action.

 

Rémi Lefebvre et Martine Legris Revel (Ceraps, Lille 2), « Les interactions chercheurs-praticiens au conseil régional du Nord-Pas-Calais. Entre légitimation croisée et réflexivité »

Les universitaires qu’ils soient sociologues, politistes… sont régulièrement mobilisés et enrôlés par les pouvoirs publics pour être partie prenante des politiques publiques de démocratie participative ou des dispositifs participatifs qu’ils mettent en œuvre. Parfois co-producteurs de ces formes d’action publique, leur statut est variable. Ils peuvent intervenir publiquement pour présenter la problématique de l’action publique participative, légitimer tel ou tel dispositif,  apporter un regard critique extérieur, adopter une posture de garant, participer à un comité de pilotage, évaluer telle politique ou dispositif, accompagner des étudiants… Un rôle d’universitaire, spécialiste de la démocratie participative, semble se dessiner. Nous revenons sur ces jeux de rôles et ces nouvelles transactions entre chercheurs et monde de la participation (pouvoirs publics, professionnels de la participation, élus, techniciens…) à partir d’un regard croisé sur notre collaboration avec le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

 

Pascale Moity-Maizi (Umr Innovation, SupAgro) et Bérangère Storup (FSC), « Conceptions participatives et engagements collaboratifs pour l’agrobiodiversité »

L’expérience des laboratoires hors murs s’organise à partir d’un projet de recherche-action participative, conçu et piloté par un petit collectif de chercheurs, enseignants-chercheurs, membres d’associations et praticiens dans l’agriculture, en France, au Maghreb et en Afrique de l’ouest. L’enjeu et l’objectif premier de ce projet est d’arriver à formaliser et à pérenniser une démarche de recherche collaborative pour des acteurs ayant un même objectif de réhabilitation de la biodiversité cultivée. Les associations partie prenante ne constituent pas là des acteurs bien distincts des autres puisque certains de leurs membres sont eux-mêmes chercheurs, agriculteurs, ou autres professionnels de l’agriculture, et les uns et les autres sont essentiellement liés par une ambition commune, à savoir la défense de l’agro-biodiversité cultivée et la transition agroécologique.

Les interactions et la confrontation des engagements des uns et des autres se concrétisent à travers différents dispositifs d’échanges sur le terrain. C’est au cours de ces rencontres que se révèlent et se confrontent des logiques institutionnelles, des normes culturelles ou politiques qui montrent toute la difficulté de s’engager dans de tels dispositifs et de co-produire des connaissances. Il est alors pertinent de réfléchir les positions des uns et des autres dans ces dispositifs, d’en proposer une analyse en termes de passages de frontières et d’identifier les risques, les incertitudes et limites aux engagements de certains chercheurs aux côtés des agriculteurs pour construire ensemble de nouvelles façons de faire de la recherche, pour les faire reconnaître et au-delà pour défendre une science participative telle que l’agroécologie.

 

Atelier 9 : Des savoirs pour l’action ?

  • Président de séance : Jean-Marc Callois (département Territoires, Irstéa)
  • Discutants : Rémi Lefevbre (Ceraps, Lille 2)
  •                    Antoine Luginbühl (coordonnateur Passeurs, Bordeaux)

 

Nathalie Dubus (UMR Espace et IGA Grenoble), Christine Voiron-Canicio, Karine Emsellem, Patricia Cicille (UMR Espace et Univ. Nice, Aix-Marseille et Avignon), Jean-Christophe Loubier (HES-SO Valais‐Wallis Sierre) et Daniel Bley (UMR Espace), « Géogouvernance : l’espace comme médiateur et l’analyse spatiale comme vecteur de communication entre chercheurs et acteurs »

Depuis 2007, dans le cadre d’un projet de recherche de l’UMR 7300 ESPACE, un groupe de chercheurs élabore le concept de géogouvernance, qui présente la particularité de proposer une entrée « par l’espace » comme clé de médiation et de facilitation d’une gouvernance territoriale.

Cet article expose les spécificités de cette approche en la positionnant dans le champ des concepts et des démarches voisines intégrant la participation de différents acteurs dans les projets de territoire. Il met en avant les particularités et la pertinence des savoirs produits par l’analyse spatiale, ainsi que les méthodes qui peuvent permettre au géographe de construire, expliciter, représenter, diffuser ces savoirs à l’occasion de projets relatifs à l’espace de vie des citoyens.

Il montre en quoi, dans ce cadre conceptuel, l’espace peut être un médiateur et l’analyse spatiale un vecteur de communication entre chercheurs et acteurs, en s’appuyant sur deux exemples : celui du web public communal, orienté grand public, avec une première analyse critique des contenus de ce qui pourrait être un outil privilégié de partage de l’information au niveau local ; celui de l’expérience de l’Opération d’Intérêt National Eco‐Vallée de la Plaine du Var qui présente les prémisses d’une démarche de géogouvernance initiée par quelques chercheurs du groupe, en lien avec des acteurs institutionnels.

 

Lilian Gravière (Paris I), « Les ambiguïtés de la participation en travail social »

 

Sylvain Lavelle (CETS, ICAM), « Des différents modes de production de la démocratie »

L’ambition d’une “démocratisation de la démocratie” a été largement portée par le courant de la démocratie technique et dialogique. L’intérêt des modèles et dispositifs qu’il propose est de contrer les tendances à la confiscation du pouvoir et du savoir qu’entraîne la double délégation aux élus et aux experts. Cependant, pour fructueuse qu’ait pu être cette voie nouvelle et originale, qui lie participation et recherche, elle n’épuise pas le spectre de la démocratisation. Elle combine des éléments, tels que le débat public et la co-production des savoirs, la procédure dialogique et la recherche coopérative qui ne sont qu’un assemblage possible parmi d’autres. En outre, elle est porteuse d’une certaine confusion des domaines ou des genres du fait du périmètre excessivement large attribué au “technique” et au “dialogique”. Il existe sans doute dans la double délégation et ses voies de dépassement un parti pris fondamental qui favorise le tropisme cognitif et procédural des différents modèles et dispositifs. Or, la délégation, de fait et de droit, est multiple : délégation du “savoir” (épistémique), mais aussi délégation du “devoir” (éthique), du “faire” (technique) et du “créer” (esthétique). Face à la délégation multiple, il existe mille et une manières de produire de la démocratie, selon des modes à chaque fois différents qui articulent des moyens divers (matériels et immatériels) et des fins elles-mêmes diverses (dont celles d’égalité et de liberté). L’essai de typologie qui est proposé ici permet de rendre compte de ces différents modes de production de la démocratie et de l’élargissement du spectre des procès de démocratisation sur lesquels ils débouchent. On peut ainsi envisager un ensemble de modèles plus varié et plus large: (1) Des modèles “analytiques”, d’un côté, centrés sur le procès de démocratisation dans un domaine spécifique (démocratie technique, mais aussi, épistémique, éthique, esthétique) ; (2) Des modèles “synthétiques”, de l’autre, qui rendent compte du procès de démocratisation selon un plan plus générique, par delà les différents domaines (démocratie polyarchique, hétérarchique, pragmatique, méthodique). L’enquête sur les modes de production de la démocratie suggère une voie alternative, ou du moins, complémentaire de celle qui lui sert de point de départ, notamment sur la question de la démocratisation de la recherche, sans prétendre en être le point d’arrivée. Cette voie s’inscrit dans la séquence et l’horizon d’un changement de paradigme marqué par l’émergence d’une recherche généralisée, laquelle n’est toutefois qu’un aspect d’un régime de démocratie généralisée.

 

Sylvie Lardon (INRA et AgroParisTech, Clermont-Ferrand), Christophe Chauvin (EMGR, Irstéa), Philippe Chambon (AgroParisTech, Clermont-Ferrand), Armelle Caron (AgroParisTech, Clermont-Ferrand), Monique Bouchaud (Umr Métafort, Irstéa), Thomas Cordonnier (EMGR, Irstéa), Marc Valenzisi (FCBA Délégation territoriale Centre-Ouest), François Johanny (INRA, Umr Métafort)  Claire Planchat (Vous êtes d’ici) et Yorck Von Korff (Lisode), « Projet de territoire sur la forêt du Vercors : l’expérience de recherche intégrée FORGECO »

Le projet de recherche FORGECO a développé des outils de représentation cartographique et d’animation d’ateliers participatifs (jeu du territoire) pour intégrer les connaissances des scientifiques et des praticiens en vue d’une décision de planification forestière. Ces outils comportent des méthodes de diagnostic, des fiches informatives et des propositions d’action développées interactivement entre chercheurs en sciences biotechniques et chercheurs en sciences sociales pour les séances d’animation (diagnostic partagé, prospective et propositions d’actions), des restitutions de ces séances d’animation, et la rédaction d’un document de synthèse à destination des territoires souhaitant s’engager dans une démarche de projet territorial. Les animations ont d’autant mieux fonctionné, avec ces divers supports, qu’elles s’intégraient dans des dispositifs existants d’animation territoriale.

 

Atelier 10 : Trajectoires et effets des coopérations chercheurs-acteurs

 

Christophe Beurois (Médiation et environnement) et Loïc Blondiaux (CESSP, Paris I), « Chercheur embarqué et garantie de la concertation : un récit à deux voix sur une expérience “réussie” »

 

Céline Braillon (CGDD, Medde) et Jean-Michel Fourniau (Dest-Ifsttar), « Participation : la garantie ne vaut que si l’on s’en sert »

Cette communication rend compte de l’expérience de deux des garants nommés par le Conseil de développement durable (C2D) de la communautés urbaine de Bordeaux (Cub) pour accompagner trois jurys (citoyens, associatifs, élus communautaires) réunis début 2012 pour livrer un avis sur les critères et le choix du mode de gestion du service public de transport de la Cub. Cette expérience donne lieu a trois dialogues entre les garants, l’une intervenant à partir de son engagement associatif, l’autre à partir de son travail de chercheur. Le premier dialogue porte sur la constitution, à leur initiative, d’un collège des garants produisant des notes et un rapport final collectif afin d’affirmer le rôle de garant de la participation que leur a confié le C2D plutôt que d’endosser le rôle attendu au départ par la Cub de greffiers de jurys travaillant en parallèle. Ce regard porté par le collège des garants sur le dispositif de participation conduit à un second dialogue interrogeant l’organisation de la décision dans les collectivités territoriales au regard du développement récent du rôle de tiers-garant de la participation, ainsi que les conditions d’effectivité de la mission de garantie de la participation confiée au C2D par la Cub. Un dernier dialogue touche aux formes de professionnalisation de la participation qui tendent à voir émerger des tandems commanditaires-consultants pour organiser la concertation, ce qui interroge sur la place laissée au tiers-garant.

 

Jeanne Cartillier (Grand Lyon) et Guillaume Gourgues (Pacte et Univ. Franche-Comté), « Que faire des instances pérennes de participation ? Trajectoire d’une « coalition de réforme » dans le contexte lyonnais »

La collaboration entre chercheurs et acteurs de la participation est abordée dans cet article à travers le retour d’expérience d’une « coalition de réforme » évoluant dans le contexte Lyonnais, entre 2011 et 2014. Cette coalition a tenté d’agir en faveur d’une réforme d’une instance pérenne de consultation, le Conseil de Développement du Grand Lyon. En revenant sur la trajectoire et le travail commun réalisé au sein de cette coalition, nous souhaitons insister sur un point central : chercheurs et acteurs de la participation ne sont pas obligatoirement associés dans l’objectif de développer l’offre de participation publique, mais peuvent également engager une réflexion « critique » sur des dispositifs qu’ils connaissent bien et dont ils perçoivent sans cesse les limites. Le récit de cette collaboration ponctuelle, progressivement construite et globalement informelle, nous permet de livrer quelques éléments sur la dimension « réflexive » du dialogue entre chercheurs et acteurs.

Camille Devaux (Lab’Urba), « La participation s’observe-t-elle sans participer ? L’exemple d’une recherche sur l’habitat participatif »

À partir d’une expérience de terrain conduite dans le cadre d’une recherche de doctorat portant sur l’habitat participatif, cette communication interroge la posture du chercheur observateur d’une situation de participation.  Nous postulons que les difficultés rencontrées par le chercheur observateur sur son terrain sont exacerbées par le caractère « participatif » des scènes observées.
L’ambition d’extériorité du chercheur a en effet tout d’un vœu pieu : sa distance parait d’autant plus visible que les membres de la communauté observée revendiquent une place dans un domaine dont ils sont habituellement exclus, la production du logement dans notre cas. L’observateur ne peut faire comme s’il n’existait pas et doit toujours être attentif aux messages que lui adressent les observés afin de maintenir sa présence auprès d’eux. Plus encore, au cours de cette recherche, il a été nécessaire de « participer » à notre tour à l’activité de l’association observée. Or, cette participation, jugée nécessaire en situation, a eu des répercussions quant à notre accès à une autre scène, institutionnelle cette fois.

Le chercheur-observateur est finalement un acteur de théâtre, soumis aux mêmes enjeux : choisir une pièce dont il saura maîtriser tous les ressorts, travailler la mise en scène tout en étant capable d’improviser lorsqu’un décor est défaillant, adapter parfois son costume, interagir constamment avec les autres acteurs et jouer un jeu qui ne lui portera pas préjudice dans sa relation ultérieure aux autres acteurs comme au public.

 

Table-ronde plénière conclusive : Nouvelles pistes de coopérations entre chercheur.e.s et acteur.e.s de la participation

Éléments de synthèse (17h – 17h30) : Loïc Blondiaux, Marion Carrel, Jeanne Demoulin, Clément Mabi et Catherine Neveu, rapporteurs des ateliers

Table ronde conclusive  (17h45-19h), animée par Jean-Michel Fourniau (directeur du Gis Démocratie et Participation) avec :

Des partenaires du Gis Démocratie et Participation : Laurence Monnoyer-Smith (CNDP), Brigitte Fargevieille (EDF et CESE), Myriam Cau (Région Nord Pas-de-Calais), David Landier (RTE), Sandra Laugier (InSHS, CNRS)

Frédéric Moreau (Fédération nationale des centres sociaux) et Bénédicte Madelin (Pas sans nous !)