Rapports à l’espace et formes d’engagement

Journées d’étude
« Rapports à l’espace et formes d’engagement
Ancrage, attachement, territorialisation »

Du 6 décembre 2018 au 7 décembre 2018, Université de Tours, UFR de droit et sciences sociales, site des 2 lions, salle du Conseil

Comité d’organisation : « Hélène Bertheleu, Julie Garnier, Gülçin Lelandais, Martin Lamotte, Patrice Melé, Catherine Neveu, Héloïse Nez ».

UMR CITERES, équipe CoST
Axe « Actions et territorialisations » du CIST

Participation libre sur inscription, merci de renseigner le Framadate avant le 15 novembre : https://framadate.org/Tk78cq1TXu5X2lNn

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L’objectif de ces journées est d’analyser la place qu’occupe la question des rapports à l’espace des individus et des groupes au sein des travaux sur les mobilisations locales, sur les conflits de proximité, sur les modalités d’engagement territorialisées.

À un premier niveau d’analyse, il est possible d’identifier la prégnance des références à « l’identité » de groupes qui seraient caractérisés par une certaine forme de localisation ou d’appropriation de lieux, d’espaces ou de territoires. Les notions d’appartenance, d’enracinement, d’ancrage, d’attachement cherchent à rendre compte des qualités de la relation des individus ou des groupes à des lieux et à des espaces. La recherche urbaine est marquée par les références aux rôles du « quartier » et par des débats sur le poids des « communautés locales ». Ces modalités de relations à l’espace sont considérées comme des supports de mobilisation, comme des ressources à la disposition des acteur.es (cf. la notion de capital d’autochtonie), comme des éléments explicatifs du déclenchement de conflits contre des projets affectant les usages ou les modalités d’appropriation d’un espace ou alors, dans d’autres cas, comme des refuges.

Certes les critiques portées sur le vocabulaire de l’enracinement, de l’identité ou de l’ancrage sont nombreuses, certain.es évoquent la notion plus processuelle d’identification à des groupes ou des espaces. Les recherches qui se focalisent sur les effets des conflits mettent en évidence ce qui est produit ou modifié dans le cadre des mobilisations et identifient de nouvelles formes de territorialisation. D’autres conceptions conduisent à penser les mobilisations comme des réseaux multi-niveaux et les sous-espaces locaux comme des milieux, comme des contextes, permettant d’amplifier, de relayer, de relocaliser une cause. Mais tout semble se passer comme-ci une grande partie des études sur des formes locales de mobilisation ou d’engagement tendait à présupposer ou à identifier l’existence de groupes localisés ou territorialisés constitués en acteur collectif.

Paradoxalement, alors que les nombreuses études de cas montrent que c’est souvent face à une menace que des groupes se constituent sur une base locale pour protéger leur espace de vie et mettent en place des stratégies d’appropriation et de valorisation, peu de travaux remettent en cause la croyance à l’existence d’un lien de causalité entre territorialisation des expériences spatiales et mobilisations. Malgré de nombreuses enquêtes sur les pratiques urbaines qui concluent à la construction d’une expérience urbaine en réseau, peu de chercheur.e.s effectuent un lien entre ce type de pratiques et les formes d’engagement - en particulier pour les milieux populaires - à l’exception notable de recherches traitant de l’expérience des migrants dans les métropoles ou de l’analyse de modalités d’engagement transnationales.

Dans ce contexte, nos journées d’études s’organiseront à partir de la présentation de recherches questionnant de différentes manières les notions d’ancrage, d’attachement, d’autochtonie et/ou proposant des modalités alternatives de saisir les rapports entre expériences de l’espace et formes d’engagement et de mobilisation. Nous chercherons en particulier dans une perspective pluridisciplinaire à expliciter les concepts et positions présents au sein des travaux des participant.es et au sein de la littérature, à mettre en évidence les débats et les enjeux heuristiques.

Au-delà du cadrage général proposé par ce texte, nous souhaiterions focaliser ces journées sur des mobilisations urbaines, environnementales ou patrimoniales. En première analyse nous pouvons identifier quatre d’axes de discussion entre les travaux qui seront présentés :

  • Comment penser les relations entre dynamiques socio-spatiales - mutations des modes d’habiter et des mobilités - et transformations des modalités d’engagement ?

  • Comment saisir à la fois les effets des mobilisations sur les rapports à l’espace et le temps long des constructions territoriales ?

  • Comment penser la place de l’espace dans le cadre de mobilisations multi-échelles, de mobilisations ancrées à la fois internationalement et localement ?

  • Comment saisir les rapports entre, d’une part, les stratégies de « montée en généralité » de certains groupes locaux mobilisés, d’autre part, les tentatives de « montée en particularité » de militants qui tentent d’ancrer une cause dans un espace et, enfin, les nouvelles formes de construction de « communs » territorialisés ?