Radicaux, réveillez-vous !

 

Radicaux, réveillez-vous !

1ere traduction en français

Saul Alinsky
Préface de Marie-Hélène Bacqué

Le Passager clandestin

2017

300 p.

15 €

 

Saul Alinsky est à l’origine de deux notions qui occupent une place grandissante dans la recherche sociologique et dans les nouvelles formes de travail social et de militantisme associatif : l’empowermentet le community organizing. Saul Alinsky est le père du community organizing, cette forme d’activisme qui vise à mobiliser et à rassembler, à l’échelle locale, les groupes et les organisations de la population dans le but d’engager un rapport de forces avec les autorités et de résoudre un ensemble de problèmes identifiés collectivement. Le nom d’Alinsky est apparu dans les débats publics français à l’occasion de la première élection de Barack Obama, en novembre 2008, mais « le rebelle de Chicago » est, depuis plus de 70 ans, une figure symbolique essentielle, tant par son parcours et son expérience militante que par ses écrits.

Le passager clandestin publie en français son premier livre, Reveille for radicals, paru en 1946, qui n’avait jamais été traduit en français. Cet ouvrage s’appuie sur l’expérience d’Alinsky dans Back of the Yards, l’un des quartiers les plus pauvres de Chicago. Le jeune Alinsky s’y est attaché à organiser les habitants dans une dynamique de contre-pouvoir en mettant en lumière le rôle nécessaire de l’organizer, agent de développement social doublé, ici, d’un agitateur politique.  

Alinsky s’adresse aux « radicaux » du pays, c’est-à-dire à ceux qui, mus par une forte exigence de justice sociale, sont déterminés à s’attaquer à la racine des problèmes. Il définit les modalités stratégiques, tactiques et « psychologiques » du travail d’organisation des communautés populaires. L’idée est de faire émerger dans les communautés reléguées un nouveau pouvoir, une force organisée selon la logique du conflit, en vue d’instaurer un rapport de forces propice à la négociation avec les autres instances de pouvoir impliquées dans la situation.

«  Une démocratie du peuple est la manifestation énergique d’un peuple vivant, participatif, informé, actif et libre. C’est un mode de vie qui appartient au peuple, qui tire sa sève de la participation populaire. La démocratie est vivante. Comme toute chose vivante, elle grandit et s’épanouit, ou elle dépérit et meurt. Il n’y a pas de demi-mesure. C’est la liberté et la vie ou la dictature et la mort. Les êtres humains n’aiment pas regarder la tragédie dans le blanc des yeux. La noirceur est impopulaire et l’on préfère détourner le regard. Mais vient un moment où les problèmes doivent être reconnus comme tels – et résolus. Aujourd’hui, le mode de vie démocratique est en jeu. On ne peut plus remettre à demain la crise à résoudre aujourd’hui. Le choix d’agir pas plus que l’heure et la manière de le faire ne dépendent de notre bon vouloir. On ne tergiverse pas avec l’histoire. Souvenez-vous de ceci : si la démocratie meurt en Amérique, elle meurt partout dans le monde. » (Saul Alinsky, 1946)

L’œuvre fondatrice de Saul Alinsky est encore aujourd’hui une source d’inspiration pour tous les travailleurs sociaux des deux côtés de l’Atlantique. De nombreux collectifs ou mouvements en France, comme l’Alliance citoyenne ou Stop le contrôle au faciès, s’y réfèrent désormais. Dans le contexte français contemporain où la démocratie se porte mal, où la représentation politique est confisquée par des élites, où les classes populaires sont de plus en plus exclues du jeu politique, la lecture d’Alinsky donne des pistes pour engager de nouvelles formes de mobilisation et repenser la question du pouvoir et du conflit.

Pour replacer ce texte dans son contexte historique, donner à saisir sa place dans la trajectoire intellectuelle et militante de l’auteur et, surtout faire sentir sa résonnance avec certaines questions très actuelles, liées, notamment, à la présence grandissante dans notre société de territoires et de populations reléguées, nous avons demandé à la sociologue Marie-Hélène Bacqué de le préfacer.

« La pensée et les méthodes d’Alinsky sont d’un apport essentiel dans les débats hexagonaux contemporains sur la relégation sociale ». (Marie-Hélène Bacqué)