Marées noires et politique

 

MARÉES NOIRES ET POLITIQUE

Gestion et contestations de la pollution du Prestige en France et en Espagne


Xabier Itçaina et Julien Weisbein (eds)

Préface de Claude Gilbert
Paris, L'Harmattan, coll. Logiques politiques, 2011.

 




 

Le 13 novembre 2002, le pétrolier Prestige est en avarie au large du Portugal avec à son bord une importante cargaison de 77.000 tonnes de fioul lourd. Après une dérive erratique de 6 jours, il se brise finalement en deux et coule par 3.500 mètres de fond, causant une pollution de très grande ampleur (d'environ 63.000 tonnes), embrassant le littoral de trois États membres de l'Union européenne (France, Espagne et Portugal) sur une étendue de 1.900 kilomètres et perdurant toute l'année 2003, notamment en période estivale où elle a mis en danger la saison touristique.

Or si cette marée noire a fait l'objet de nombreux travaux et retours d'expérience, ceux-ci restent marqués par une optique gestionnaire. Une telle approche « par le haut » de la catastrophe du Prestige écrase néanmoins la dimension politique et sociale de cet événement, notamment l'indignation des populations riveraines ou bien les pressions médiatiques que la marée noire a suscitées. Ainsi, le point de vue et l'expérience des victimes ne sont représentés que par la question technique de l'indemnisation ou, sur un mode plus « chaud », par la figure de l'indignation qui fait malheureusement écran à toute analyse. Entendant combler ce point aveugle, cet ouvrage, issu d'une recherche collective et interdisciplinaire, se fixe deux objectifs. Il entend tout d'abord redécouvrir et analyser sociologiquement l'expérience d'indignation des victimes et des populations affectées plus ou moins directement par la marée noire du Prestige sur les côtes françaises et espagnoles. Et contre une définition trop rigide du risque comme résultant d'un aléa et d'une vulnérabilité, cet ouvrage espère ensuite rendre crédit à l'incertitude totale ouverte par la marée noire du Prestige, abusivement atténuée à travers les retours d'expérience ou les comptes-rendus gestionnaires de l'événement réalisés après la bataille. Ce double pari, comprendre les indignations de victimes et prendre en compte l'épaisseur de l'événement, implique alors un regard sociologique et ethnographique attentif aux lieux, même les plus étroits, ainsi qu'aux enjeux, même les plus anodins, qui fixent des discours publics de contestation de cette marée noire.

 

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