L’activité scientifique au prisme de l’impératif participatif

Section thématique n° 21 : L’activité scientifique au prisme de l’impératif participatif

 

Congrès AFSP Paris 9-11 juillet 2013

 

Organisateurs :

Jean-Gabriel Contamin (Université Lille 2, CERAPS) jgcontamin@noos.fr

Martine Legris-Revel (Université Lille 2, CERAPS) mart.revel@gmail.com

Appel à communication:

Depuis une quinzaine d’années se sont multipliées en France comme à l’international les études consacrées à la démocratie participative ou délibérative et à des dispositifs relevant de ce nouvel ‘impératif délibératif ’(Blondiaux, Sintomer, 2002) . Pour faire face aux limites des systèmes représentatifs, de plus en plus de régimes politiques se doteraient de procédures en vue d’associer le citoyen à la décision publique.

Il serait toutefois réducteur de n’associer ce « tournant participatif » ou « délibératif » qu’au seul univers politique. On en trouve en effet des traces dès les années 70 dans le monde de l’entreprise sous la forme, par exemple, du management participatif ou de la démocratie industrielle (Emery et Trist, 1976 ; Emery et Thorsrud, 1976). D’autres espaces pourtant a priori plus rétifs à l’intrusion de ce ‘monde civique’, comme l’univers de la science elle-même, s’ouvrent à ces questionnements (Wynne, 1992 ; Callon, Lascoumes et Barthe, 2001 ; Callon, 2006). Celui-ci apparaît comme un monde comme un autre dans lequel s’affrontent des dispositions et des intérêts et qui, dès lors, pourrait être tout autant soumis à un impératif participatif que les autres espaces sociaux.

Cette remise en cause de la dissociation entre l’univers scientifique et l’univers civique s’est traduite en un ensemble de dispositifs qui accordent au citoyen des places très différentes : source des besoins auxquels la science devrait répondre et juge de l’adéquation entre ses demandes et les réalisations (thème de la demande sociale) ; pris en compte au travers de la thématique de l’acceptabilité sociale de la science (travaux sur les mobilisations collectives, par exemple) ; objet et sujet des transformations initiées par les scientifiques (interventionnisme sociologique) ; représenté par le chercheur lui-même ; voire convié à contribuer à parité avec les chercheurs à une ‘recherche collaborative’ (Hackett et alii, 2008).

Cette participation citoyenne à la démarche scientifique a toutefois jusque là été essentiellement étudiée dans une optique très prescriptive ou en faisant des citoyens un simple obstacle à la rationalité scientifique qu’il faudrait enrôler (Pestre, 2011).

L’enjeu de cette session thématique sera précisément de s’interroger globalement sur les modes contemporains de participation citoyenne à la recherche scientifique en rassemblant un ensemble d’études empiriques portant sur cette question, en privilégiant notamment les travaux qui porteront sur des dispositifs collaboratifs qui sont supposés faire intervenir les logiques participatives et démocratiques au cœur même du travail scientifique. Elle sera aussi l’occasion de faire le lien entre science studies et études sur la démocratie participative, en se demandant ce que les interrogations, outils et méthodes développés dans chacune de ces sous-disciplines peuvent apporter aux autres, et en quoi les spécificités de fonctionnement du monde scientifique peuvent limiter ces croisements réciproques. Elle sera enfin l’opportunité de réfléchir sur nos propres pratiques et sur la manière dont nos propres recherches sont ou non (et comment) redevables de l’espace civique.

Cette session thématique est aussi pensée dans l’idée de contribuer à structurer une communauté internationale de chercheurs travaillant autour de ces questions. Elle s’appuie sur un projet européen qui questionne la participation des citoyens à la recherche et  devrait par la suite être déclinée sous forme de publications, de journées d’études mais aussi de panels tant à l’ECPR qu’à l’ISA et à l’IPSA.

Toute proposition (5000 caractères maximum) à dimension empirique correspondant à ces perspectives sera examinée avec intérêt.

Les propositions sont à envoyer avant le 15 octobre 2012 à :

Jean-Gabriel Contamin jgcontamin@noos.fr

Martine Legris-Revel mart.revel@gmail.com

participation recherche collaborative STS Sociologie politique