Citoyenneté en conflit, citoyenneté conflictuelle

Trop souvent considérée à partir de ses seules dimensions statutaires et normatives, la citoyenneté, ou plutôt les citoyennetés, se saisissent pourtant de manière plus dynamique à la fois à travers les pratiques et en tant que notion toujours contestée. Si les approches anthropologiques de la citoyenneté connaissent un fort développement à travers le monde, elles sont encore trop peu présentes en France.

C’est dans cette double optique (voir le programme) que nous souhaitons interroger la diversité des formes d’engagements et de revendications de la citoyenneté là où elle est contestée, niée ou vidée de son contenu, objet de conflits rhétoriques, intellectuels, pratiques et politiques autour des enjeux d’égalité. En interrogeant des citoyennetés en conflit dans une diversité de contextes et à travers une variété d’objets, cette journée d’études vise à ouvrir la discussion sur ce champ nouveau dans le contexte anthropologique français.

Les citoyennetés en conflit, ce sont tout d’abord celles observables dans le contexte de pays en guerre ou de régimes non démocratiques. Le terme est-il encore valide ou doit-on chercher de nouveaux concepts pour décrire ces situations particulières ? L’approche anthropologique se révèle ici précieuse en ce qu’elle met au jour des discours qui, reprenant une rhétorique occidentale, inscrive une pratique différenciée de la citoyenneté dans les interstices d’espaces publics autrement contrôlés.

Ce sont également les différentes manières dont les articulations entre citoyenneté et identités, notamment nationales, sont pensées, discutées ou questionnées. Comment ce registre d’analyse peut-il fournir des clés de lecture fructueuses des mobilisations de populations minorisées, perçues ou constituées comme extérieures à la « communauté nationale » ? On s’intéressera également à la diversité des « niveaux » auxquels ces citoyennetés sont mises en jeu et en acte, notamment aux circulations entre
niveaux local et national.

Un autre des enjeux de cette journée d’études sera d’ouvrir la discussion sur les usages, mobilisations et remises en cause de la notion de citoyenneté. Quand on dit « citoyenneté », parle-t-on de la même chose dans l’espace israélo-palestinien, dans un pays post-soviétique, parmi des populations autochtones et/ou minorisées ? Comment traduire les imaginaires politiques et sociaux portés par cette notion dans différents contextes ? Et que permet de penser, pour les chercheur-es, le recours à cette notion ?